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Rapport 2002 (relatif à l'année 2001) d'Amnesty International

Venezuela: droits de l'homme

Ce texte d'Amnesty International n'engage que la responsabilité de cette organisation

(Retranscrit par LatinReporters.com à QUITO, dimanche 2 juin 2002) - Au moins 240 personnes ont été tuées par la police dans des circonstances laissant à penser qu'elles ont peut-être été victimes d'exécutions extrajudiciaires ou d'un recours excessif à la force. De nouvelles informations ont fait état de torture et de mauvais traitements. Cinq personnes auraient " disparu ". Les conditions de détention restaient inhumaines dans beaucoup de prisons, tandis que les violences entre codétenus continuaient de faire de nombreuses victimes. Il y a eu des atteintes à la liberté d'expression.

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L'augmentation de la criminalité violente a accru les inquiétudes des autorités et de l'opinion publique, continuant ainsi à alimenter le débat. Dans les milieux gouvernementaux, certains préconisaient l'état d'urgence. Des organisations de défense des droits humains ont identifié les causes principales de cette situation : il s'agirait de la passivité du gouvernement face à la question des atteintes aux droits humains, aux phénomènes généralisés de l'impunité et de la corruption et aux graves problèmes économiques et sociaux du pays.

De graves faiblesses institutionnelles ont été observées dans les structures chargées de veiller au respect des droits humains. Il y a lieu de citer parmi elles l'appareil judiciaire, où de nombreux juges ont été relevés de leurs fonctions et n'ont pas été remplacés. En août, l'Assemblée nationale a approuvé une loi sur les réfugiés et les demandeurs d'asile. En décembre, en réponse à une série de mesures économiques controversées adoptées par décret présidentiel le mois précédent, un mot d'ordre a été lancé pour une grève nationale d'une journée.

Homicides perpétrés par la police

Dans plusieurs États, le nombre de personnes mortes dans des circonstances donnant à penser qu'il s'agissait peut-être d'exécutions extrajudiciaires ou d'un recours excessif à la force a fortement augmenté au cours de l'année. En septembre, le Bureau du procureur général a chargé la Guardia Nacional (GN, Garde nationale) de prendre la relève dans plusieurs postes de police de l'État de Portuguesa, à la suite d'informations répétées selon lesquelles un " groupe d'extermination " opérait au sein de la police d'État. Entre le mois de septembre 2000 et le mois de mai 2001, des enquêtes ont été ouvertes sur la mort de 100 personnes qui auraient été tuées par la police.

A la fin de l'année 2001, plusieurs policiers avaient été mis en examen. Au mois d'octobre, le procureur général a annoncé la nomination d'un procureur national qui serait chargé d'examiner les plaintes pour homicide déposées contre des membres des forces de sécurité dans huit États. Toujours au mois d'octobre, le médiateur a produit un rapport préliminaire portant sur 239 plaintes faisant état d'homicides commis par la police dans plusieurs États. Selon ce rapport, les opérations des forces de sécurité se déroulaient toujours selon le même modèle : simulation d'affrontements armés, descentes illégales, menaces de mort visant les témoins et les familles. Les défenseurs des droits humains qui avaient publiquement dénoncé des homicides perpétrés par les forces de police dans les États de Portuguesa et de Bolívar ont fait l'objet de menaces.

En février, Argenis Antonio González, dix-sept ans, est mort après que des agents de la police métropolitaine eurent fait irruption sur son lieu de travail et ouvert le feu au hasard. Selon les informations reçues, la police a placé une arme à côté de son corps.

Torture et mauvais traitements

De nouvelles informations ont fait état d'actes de torture et de mauvais traitements infligés par des membres des forces de sécurité. Le risque de voir les policiers continuer à abuser de leur autorité en toute impunité demeurait un sujet de préoccupation. Dans l'immense majorité des cas soumis aux tribunaux, en effet, peu de progrès ont été accomplis.

Au mois de mars, Silvano Castro et une autre personne, membres d'un groupe d'indigènes pemon militant contre la construction d'un réseau de distribution d'électricité dans la région de Gran Sabana, ont été brutalisés par des soldats lors d'un mouvement de protestation. Cet épisode est un exemple parmi d'autres des actes d'intimidation et de harcèlement systématique dont les Pemon sont la cible.

" Disparitions "

Cinq nouveaux cas de " disparition " ont été signalés. Orlando José Castillo a " disparu " après avoir été interpellé par des policiers, le 20 janvier, dans l'État de Yaracuy. En octobre, il a été annoncé que 10 policiers avaient été mis en examen pour des faits liés à cette affaire.

Impunité

En octobre, dans le cadre d'un procès intenté à la suite de la " disparition " de quatre personnes après leur arrestation dans l'État de Vargas, en décembre 1999, les parties demanderesses ont rejeté une proposition de la Commission interaméricaine des droits de l'homme visant à parvenir à un arrangement à l'amiable entre les parties et ont demandé la poursuite de la procédure normale. Après avoir constaté avec inquiétude que le gouvernement n'agissait pas avec la rapidité voulue, elles ont indiqué que le manque de détermination dont il ne cesse de faire preuve pour aborder le problème de l'impunité a considérablement contribué à l'aggravation de la situation en matière de droits humains.

Conditions de détention

Les conditions de vie dans les prisons demeuraient extrêmement pénibles. Malgré une baisse du nombre de cas signalés par rapport aux années précédentes, de très nombreux prisonniers ont été tués, pour la plupart à la suite de violences entre eux. En juin, des détenus de la prison El Rodeo et leurs proches ont entamé une action de protestation pour exiger, entre autres, l'ouverture d'une enquête sur des mauvais traitements qui auraient été infligés par les surveillants. Le gouvernement a, une fois de plus, reconnu la réalité de la crise du système carcéral. En août, il a annoncé le lancement d'un programme de rénovation d'urgence ayant pour but de moderniser les établissements pénitentiaires du pays.

Réfugiés

Les Colombiens fuyant les violences à caractère politique dans leur pays continuaient de faire face à des difficultés au Venezuela, malgré l'introduction, en août, de nouvelles dispositions législatives relatives au droit de demander asile et à la protection des droits des réfugiés.

Également au mois d'août, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a ouvert un bureau à San Cristóbal, non loin de la frontière avec la Colombie. Au mois de novembre, ses représentants ont exprimé leur inquiétude concernant le nombre de personnes qui avaient sollicité le statut de réfugié et attendaient toujours de connaître les suites données à leur demande.


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