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En jeu, la majorité parlementaire qualifiée des antichavistes
Venezuela: «coup d'État judiciaire» de Maduro contre l'alternance, selon l'opposition
 

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Pour le président Nicolas Maduro, une fin d'année de combat avant l'installation, le 5 janvier 2016, d'une Assemblée nationale dominée par l'opposition. (Capture d'écran)

CARACAS, dimanche 3 janvier 2016 (LatinReporters.com) – La « suspension provisoire », par le Tribunal suprême de justice (TSJ) du Venezuela pour possibles irrégularités, de l'élection de plusieurs députés met en péril la majorité parlementaire stratégique des deux tiers conquise aux élections législatives du 6 décembre par l'opposition. Celle-ci crie au « coup d'État judiciaire » du président Nicolas Maduro.

Le doute plane ainsi sur la portée de l'alternance parlementaire que concrétisera, le 5 janvier, l'installation de l'Assemblée nationale (AN) renouvelée. Ce Parlement monocaméral sera en outre concurrencé par un inédit « Parlement communal national » instauré par Maduro.

La polémique est vive, car, soudainement incertaine, la majorité qualifiée des deux tiers (112 députés sur les 167 de l'AN) devait permettre à l'opposition d'amender ou abroger les lois fondamentales du chavisme (régime du président défunt Hugo Chavez, dont Maduro est l'héritier), de convoquer des référendums, notamment sur des traités internationaux et la révocation du président de la République, de modifier la composition du TSJ, de réviser la Constitution ou de convoquer une Assemblée constituante.

L'installation même de l'Assemblée risque d'être mouvementée, au point que l'opposition a prié l'armée de la garantir. Des mouvements chavistes ont en effet appelé à manifester le 5 janvier contre « la droite apatride » et alliée à « l'impérialisme contre-révolutionnaire » qu'incarnerait la nouvelle majorité.

« Deux modèles qui s'excluent mutuellement »

Pour mesurer l'ampleur du conflit qui opposera les deux pouvoirs essentiels du Venezuela, l'exécutif présidentiel de Nicolas Maduro et le législatif dominé par l'opposition, on peut citer Diosdado Cabello et Henry Ramos Allup.

« La confrontation est inévitable. Deux modèles sont en présence : le capitaliste que vous voulez restaurer et le socialiste que nous nous efforçons de défendre et de faire progresser. Ils s'affronteront, sans aucun doute, car ils s'excluent mutuellement » lançait le 23 décembre à l'opposition Diosdado Cabello, numéro deux du régime en sa qualité de président sortant de l'Assemblée nationale et de vice-président du Parti socialiste unifié du Venezuela, le PSUV gouvernemental.

« Des accords souscrits et ratifiés par toutes les composantes » de la Table de l'unité démocratique (MUD, plate-forme regroupant les partis d'opposition) « assureront, dans les six mois suivant l'installation de la nouvelle Assemblée nationale, une solution constitutionnelle, démocratique, pacifique et électorale pour changer le gouvernement » (c'est-à-dire écarter du pouvoir le président Maduro), répliquait le 27 décembre dans le journal Nuevo País Henry Ramos Allup, secrétaire général de l'Action démocratique, l'un des partis essentiels de la MUD.

Dans ce climat de guerre institutionnelle, la MUD dénonçait le 30 décembre ce qu'elle appelle donc un « coup d'État judiciaire », sollicitant « l'activation des mécanismes pour que soit respectée la volonté de changement du peuple vénézuélien » dans une lettre adressée à l'ONU, l'Organisation des États américains, l'Union européenne, le Mercosur (marché commun sud-américain) et l'Unasur (Union des nations sud-américaines).

La perte d'un seul élu empêcherait l'opposition de bousculer les bases du chavisme

Concrètement, le Tribunal suprême de justice a fait droit à sept recours déposés par des candidats chavistes du PSUV non élus contestant la validité des élections législatives dans trois États. De présumées fraudes et irrégularités électorales, dont l'achat de votes et la supplantation d'électeurs décédés, avaient été auparavant dénoncées par le président Maduro et le chef de campagne électorale du PSUV.

Jusqu'à présent, le TSJ s'est limité à ordonner « de manière provisoire et immédiate la suspension des effets » de l'élection des quatre députés de l'État d'Amazonas, dont trois de la MUD.

La décision prive au moins provisoirement la coalition de l'opposition de sa majorité parlementaire qualifiée de 112 députés. L'ensemble des recours rend incertaine l'élection d'un total de huit opposants. Or, la déchéance d'un seul d'entre-eux priverait définitivement la MUD du quorum des deux tiers, indispensable pour bousculer les fondements législatifs de la révolution bolivarienne lancée en 1999 par Hugo Chavez.

Le 23 décembre, durant la dernière session du Parlement dominé depuis seize ans par les chavistes, ces derniers approuvèrent la nomination au TSJ de 34 magistrats que l'opposition estime proches du pouvoir présidentiel. Le supposé « coup d''État judiciaire » était dénoncé une semaine plus tard.

L'inféodation présumée au président Maduro du TSJ, dont la salle constitutionnelle est gardienne de la Charte suprême, pourrait aussi permettre au pouvoir chaviste de contrecarrer des initiatives législatives annoncées par l'opposition pour, entre autres, amnistier les « prisonniers politiques », rendre au secteur privé des entreprises expropriées ou octroyer aux bénéficiaires de la « Mission logement » des titres de propriété qui affaibliraient le clientélisme gouvernemental.

« Parlement communal national » inédit

Autre rempart chaviste contre l'alternance parlementaire : l'instauration d'un « Parlement communal national », qui siégera dès le 4 janvier à Caracas à la Caserne de la Montagne (Cuartel de la Montaña). Ce lieu symbolique de la révolution bolivarienne abrite le mausolée d'Hugo Chavez, décédé en 2013.

Ce Parlement parallèle rassemble des représentants chavistes des « communes populaires », des structures de pouvoir participatif, considérées comme la pierre angulaire du socialisme du XXIe siècle promu par Chavez.

Ces organismes court-circuitent les municipalités et les États vénézuéliens, pour se rattacher directement à la présidence de la République. Mais si une loi de décembre 2010 (Ley Orgánica de las Comunas) envisage des Parlements communaux au niveau local, il n’avait jamais été question d'un Parlement communal national.

Le président Maduro a annoncé son intention de « donner tout le pouvoir » à cette nouvelle « instance législative du peuple ». Diosdado Cabello a explicité que « le Parlement communal [national] est une subversion pacifique d'un Parlement bourgeois » (l'AN).

Enfin, un « grand congrès de la Patrie pour la renaissance du bolivarianisme » devrait être convoqué avant la fin janvier par Nicolas Maduro. Après avoir reconnu sa défaite aux législatives, le chef de l'État prétend désormais lancer « une nouvelle étape de la révolution » pour s'opposer à « la droite fasciste contre-révolutionnaire qui a obtenu un succès électoral ».

Un pari difficile dans une crise économique sans précédent, amplifiée par l'effondrement des prix du pétrole brut, principale ressource du Venezuela.



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