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Venezuela - référendum : oui ou non à la destitution du président Chavez

"Aux Vénézuéliens, peu leur importent l'Irak et la globalisation"

L'opinion de Norma Domínguez, rédactrice en chef de Nueva Mayoria

Le président Chavez et Norma Domínguez
Photo LatinReporters.com
CARACAS, mercredi 11 août 2004 (LatinReporters.com) - "Ici, le seul débat est de savoir si Chavez nous plaît ou non" estime l'analyste vénézuélien Luis Beltran Petrosini. Pourtant, le président Hugo Chavez prétend que le 15 août, lors du référendum qui vise à le destituer, "le Venezuela décidera s'il veut rester un pays libre ou se convertir en colonie des Etats-Unis".

Chavez étant un adversaire connu de la globalisation et de la guerre en Irak, serait-ce une erreur de ne pas mentionner, comme Petrosini, l'influence sur le résultat du référendum de ces dossiers qui opposent Caracas à Washington?

Y voir une erreur est le signe d'une "vision ultra-européenne" répond (ci-dessous) Norma Domínguez, rédactrice en chef de NuevaMayoria.com, site digital réputé pour ses analyses socio-politiques sur l'Amérique latine.

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"Ayant enquêté moi-même au Venezuela, je peux assurer que Petrosini ne se trompe pas. La réalité vénézuélienne est comme il la décrit: on est pour ou contre Chavez, sans trop penser ni à la globalisation ni à la guerre d'Irak. Les Vénézuéliens ne se préoccupent que de leur bien-être économique et la classe moyenne l'a perdu. La haute société a perdu aussi son statut.

Les médias ont diabolisé Chavez et les combats entre le président et les médias donnent une image de décadence. Néanmoins, pour l'instant, dans le cadre d'un modèle ultra-clientéliste que j'ai pu observer de près, la majorité des Vénézuéliens appuient Chavez, d'autant plus que l'opposition n'a pas de véritable leader.

L'opposition critique Chavez pour son autoritarisme et à cause de la fermeture d'un nombre important d'entreprises, de confiscations de terres, de la loi sur la pêche, etc.

Je comprends l'importance qu'on peut donner à la globalisation et à la guerre en Irak, mais cette vision est ultra-européenne lorsqu'il s'agit du Venezuela.

Dans ce pays latino-caraïbe, la classe moyenne constate que ses poches sont trouées et que l'insécurité galope. Chaque week-end, à Caracas et dans le grand Caracas, des affrontements entre bandes font des dizaines de morts. Vous risquez à tout coin de rue d'être éjecté de votre véhicule et d'être massacré. On vous tue sans vous laisser la chance de n'être que volé.

Et d'autre part, les pauvres (très pauvres) vivent dans des baraques qu'une pluie plus ou moins forte peut emporter. Ils vont les pieds nus et doivent écouter les Cercles bolivariens [ndlr.: groupes de civils organisés en milices d'appui au président Chavez], qui font beaucoup, mais dans une optique clientéliste.

J'ai fait des reportages au Venezuela à l'invitation du gouvernement de Hugo Chavez. Néanmoins, j'ai des amis dans les deux camps du casse-tête vénézuélien et je le répète: depuis deux ans, le débat au Venezuela se résume à l'alternative CHAVEZ OUI ou CHAVEZ NON. Vive le fou ou mort au fou. (Paradoxalement, au référendum du 15 août, il faudra cocher le NON -à sa révocation- pour soutenir Chavez ou le OUI pour réclamer sa destitution).

Aux Vénézuéliens, qu'ils soient riches ou pauvres, peu importent l'Irak et la globalisation. Chacun veille à ses intérêts plus humbles et plus charnels et la lutte entre chavistes et antichavistes n'a plus d'autre orientation que la passion.

Réellement, aucun des deux adversaires ne répond à des impulsions rationnelles. Je crois que Chavez gagnera le référendum et je le souhaite. J'ai pu le connaître personnellement, je l'apprécie et je le crois honnête à bien des égards, quoique son pseudo-affrontement avec les Etats-Unis n'est pas précisément un combat contre les chefs d'entreprise américains, qui sont de bons associés du Venezuela.

Pour le bien du Venezuela, j'espère que Chavez gagnera. L'opposition n'a ni leader ni programme et sa haine est si forte qu'une victoire de cette opposition pourrait déboucher sur une grande vendetta et des affrontements d'autant plus violents que le nombre de partisans de Chavez demeurerait important."

Norma Domínguez


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