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La future Zone de libre échange des Amériques affectée?

Argentine: peso dévalué de 28,57% et première dédollarisation en Amérique latine

Par Christian Galloy

Le président Duhalde
© Gobernacion Provincia
de Buenos Aires
BUENOS AIRES, lundi 7 janvier 2002 (latinreporters.com) - En dévaluant le peso -le ministre de l'Economie Jorge Remes Lenicov ayant annoncé dimanche soir le remplacement de la parité 1 dollar = 1 peso par la relation 1 dollar = 1,40 peso- l'Argentine entame aussi sa dédollarisation progressive. L'idée d'un dollar continental subit ainsi son premier revers dans la perspective de la prochaine Zone de libre échange des Amériques.

Pour amortir le choc social de la dévaluation, le gouvernement "d'union nationale" du nouveau président péroniste Eduardo Duhalde convertit en pesos la plupart des dettes contractées en dollars par les particuliers et les petites et moyennes entreprises. (Jusqu'à un plafond de 100.000 dollars, englobant 95% des emprunts octroyés par les banques). Celui qui doit 100.000 dollars, ne remboursera que 100.000 pesos.

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Même garantie pour les usagers des services publics privatisés (téléphone, eau, gaz, électricité). Les tarifs sont eux aussi dédollarisés. Une facture de 100 dollars devient une facture de 100 pesos.

Comme le souligne l'influent quotidien Clarin, les Argentins doivent relever le défi culturel de ne plus penser en dollars comme ils le faisaient depuis 1991 et de ne plus croire "que vivre à Buenos Aires ou à Miami, c'est la même chose".

Dévaluation de 28,57%
et non de 40%

L'abandon de la parité 1 peso = 1 dollar au profit de la relation 1,40 peso = 1 dollar fut interprétée dans un premier temps par divers médias comme une dévaluation de 40% du peso.

En réalité, cette dévaluation est de 28,57%, proportion obtenue en constatant par une simple règle de trois qu'un peso vaut désormais 0,7143 dollar au lieu de 1 dollar.

Parmi les pays d'Amérique latine où le dollar a cours légal -Argentine, Panama, Salvador, Equateur et Guatemala- c'est la première fois qu'on assiste à une dédollarisation, alors que dans la perspective de la Zone de libre échange des Amériques (ZLEA) annoncée pour 2005, on imaginait que le dollar, comme l'euro, pouvait s'étendre progressivement à un continent entier.

L'idée non officielle d'un dollar continental lié à la ZLEA -considérée comme une évolution logique par nombre d'analystes économiques- peut donc désormais être mise en doute au vu de la crise argentine.

Et ce d'autant plus que la banqueroute de l'Argentine, qui fut longtemps avec le Mexique et le Chili le meilleur élève latino-américain du Fonds monétaire international, donne des arguments à Cuba, au Venezuela du président Hugo Chavez (admirateur de Fidel Castro), à la puissante guérilla marxiste colombienne et à la majorité de la gauche latino-américaine, tous hostiles à la Zone de libre-échange des Amériques que dominerait, selon eux, le néo-libéralisme des Etats-Unis.

En outre, l'appel au nationalisme économique lancé vendredi dernier par le président Duhalde devant un parterre de chefs d'entreprise et de syndicalistes pourrait déboucher rapidement sur un protectionnisme et des interventions étatiques contraires à la philosophie de libre marché sur laquelle se bātit actuellement la ZLEA.

Au-delà de ses répercussions économiques internationales, limitées car anticipées depuis longtemps par les marchés, la crise argentine pourrait donc affecter politiquement le processus de création de la plus grande zone de libre échange de la planète.

Le nouveau ministre argentin des Relations extérieures, le péroniste Carlos Ruckauf, estime néanmoins compatibles la participation à la ZLEA, des accords commerciaux avec l'Union européenne et le renforcement du marché commun sud-américain (Mercosur, qui regroupe l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay, avec le Chili et la Bolivie comme membres associés).

Selon Carlos Ruckauf, "la polygamie" est légitime en politique étrangère. Sa priorité est néanmoins l'amélioration des relations de l'Argentine avec son grand voisin brésilien, peu enthousiaste à l'égard de la ZLEA.


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