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"Victoire de l'alternative à la sauvagerie néolibérale" estime le président vénézuélien

Venezuela-référendum: Chavez triomphe, "fraude" selon l'opposition et l'Eglise

Le président Hugo Chavez. Il n'est pas révoqué - Photo Prensa Presidencial
DERNIÈRE HEURE

Les observateurs internationaux avalisent la victoire de Chavez

L'opposition va manifester contre le "coup d'Etat"

L'Organisation des Etats américains (OEA) et le Centre Carter ont avalisé lundi après-midi la victoire du président Hugo Chavez.

Venu lui-même à Caracas, l'ex-président américain Jimmy Carter a déclaré à la presse que les données des observateurs de son organisation "coïncident avec les résultats partiels diffusés par le Conseil national électoral".

Au cours de la même conférence de presse, le secrétaire général de l'OEA, Cesar Gaviria, a ajouté que les observateurs "n'avaient trouvé aucun élément de fraude dans le processus".

L'opposition, réunie sous le sigle Coordination démocratique, n'en appelle pas moins à manifester dès lundi soir sur la place Altamira de Caracas contre ce qu'elle qualifie de "coup d'Etat" du président Hugo Chavez.

CARACAS, lundi 16 août 2004 (LatinReporters.com) - Hugo Chavez reste président du Venezuela et ne terminera qu'en janvier 2007 un mandat alors renouvelable. Lundi à l'aube, après dépouillement de 94,49% des votes, le président du Conseil national électoral (CNE), Francisco Carrasquero, proclamait à la télévision la victoire de Hugo Chavez au référendum organisé dimanche pour dire OUI ou NON à sa révocation.

Selon le président du CNE, le score du NON à la destitution de Hugo Chavez est de 58,26%, contre 41,74% aux adversaires du président, qui se déclarent victimes d'une "gigantesque fraude".

Pour la première fois au Venezuela, le vote était électronique. Deux des cinq membres du CNE, dont son vice-président Ezequiel Zamora, n'ont pas avalisé la proclamation de victoire. Ils affirment que ni les représentants de l'opposition ni les observateurs internationaux n'ont supervisé le décompte des résultats.

Le cardinal vénézuélien Jorge Castillo Lara a appuyé cette accusation de partialité et a utilisé, comme l'opposition, le mot "fraude". Interviewé par Radio Vatican, le prélat a affirmé que des électeurs auraient été payés par le pouvoir pour voter NON à la révocation de Chavez.

Parmi les 94,49% de votes dépouillés, 4.991.483 refusaient, toujours selon le président du CNE, la destitution de Hugo Chavez et 3.576.517 la réclamaient. La révolution bolivarienne de Chavez serait donc plébiscitée, mais le refus de l'opposition de le reconnaître jette un doute sur la pacification politique du Venezuela, agité depuis 2002 par une tentative de putsch et plusieurs grèves générales contre le pouvoir chaviste. Ses adversaires -partis traditionnels de gauche et de droite, principaux syndicats et organisations patronales- l'accusent de vouloir établir une dictature de style cubain.

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Dans un hôtel de Caracas, Enrique Mendoza et Henry Ramos, dirigeants de la Coordination démocratique qui unifie superficiellement l'opposition, ont accusé lundi le CNE et le gouvernement de Hugo Chavez de "gigantesque fraude". Ils "rejettent catégoriquement les résultats du CNE" et solliciteront auprès d'organisations internationales une enquête sur la régularité du scrutin. A les en croire, la victoire leur reviendrait, avec 59,4% de OUI à la révocation de Chavez.

L'Organisation des Etats américains (OEA) et le Centre Carter, représenté sur place par l'ex-président américain Jimmy Carter, devraient assumer une responsabilité considérable et délicate s'ils étaient appelés à se prononcer sur le bien-fondé ou non des griefs de l'opposition.

Avant le vote, tant l'OEA que le Centre Carter avaient approuvé les mécanismes techniques et logistiques du référendum. Ils estimaient alors que les résultats seraient transparents et refléteraient la volonté des électeurs.

Faible influence positive sur le marché pétrolier

L'annonce de la victoire présidentielle, avec une différence de plus de 16 points et un taux de participation record de 73%, n'a soulagé que peu le marché pétrolier international. Le prix du baril de Brent rompait passagèrement lundi matin sa longue ascension, baissant de 0,43 dollar, mais le prix du baril OPEP grimpait d'un demi dollar. La victoire de Chavez était souhaitée par les milieux pétroliers au nom de la stabilité des approvisionnements. Néanmoins, l'instabilité pouvant découler des accusations de fraude lancées par l'opposition influe sur les cours.

Cinquième exportateur et huitième producteur mondial de pétrole, le Venezuela exporte en moyenne chaque jour 1,5 million de barils, soit la moitié de sa production, vers les Etats-Unis, couvrant ainsi de 13 à 17% des achats américains de brut.

Quant à Hugo Chavez, il nage dans l'euphorie. A 4h40 du matin, en chemise rouge, micro à la main, sur un balcon du palais présidentiel de Miraflores éclairé par de puissants projecteurs, il proclamait son triomphe devant des milliers de partisans, attribuant "à l'intervention divine cette victoire limpide, transparente et cinglante du peuple vénézuélien".

"C'est une victoire pour les peuples d'Amérique latine et des Caraïbes, pour leur libération, pour une alternative à la sauvagerie néolibérale" renchérissait le président, souvent interrompu par les ovations de la foule. "Espérons qu'à partir d'aujourd'hui, les Etats-Unis respecteront le peuple du Venezuela et son gouvernement", ajoutait Hugo Chavez, qui ne cache pas son amitié pour Fidel Castro, offrant à Cuba du pétrole à prix préférentiel.

Le président vénézuélien a promis que son triomphe garantira "la stabilité du marché pétrolier" et la redistribution des revenus du pétrole pour couvrir les besoins sociaux des Vénézuéliens. "L'approfondissement des acquis sociaux et la lutte contre l'exclusion et la pauvreté" seront, selon le président, "la nouvelle étape de la révolution bolivarienne" jusqu'à la fin de son mandat actuel.

Hugo Chavez a tout de même demandé aux Vénézuéliens qui ont voté OUI à sa révocation de ne pas s'estimer vaincus. "Ils ont le droit de penser autrement que nous" a dit le chef de l'Etat à ses partisans.

Les bureaux de vote n'ont fermé que lundi peu avant deux heures du matin. En principe, le vote devait être clos dimanche à 16h, mais les difficultés opérationnelles liées à l'électronique et à l'affluence qualifiée d'historique des électeurs créèrent d'interminables files. Des électeurs ont fait la queue six heures avant de voter.

Un incident grave, mais isolé, fit un mort et 12 blessés dans une file d'électeurs prise pour cible par des motards armés devant un bureau de vote d'une banlieue de l'est de Caracas. On redouta alors des heurts violents risquant d'entraîner l'annulation du scrutin. C'est peut-être ce que recherchaient les criminels, non identifiés et toujours en fuite.

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