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Nouveau "cacerolazo" de la classe moyenne à Buenos Aires

Argentine: le peso et l'autorité du président Duhalde en chute libre

La décote du peso sur le marché libre atteint en moyenne 41%

Frères ennemis: le président
Duhalde (gauche) et Carlos Menem
© Gobernacion Prov. Buenos Aires
© Presidencia de la Nacion
BUENOS AIRES, vendredi 11 janvier 2002 (latinreporters.com) - Après dix ans de parité fixe avec le dollar, le peso argentin se retrouvait dévalué de fait de 41% vendredi, jour test de la réouverture du marché des changes, fermé en Argentine depuis le 21 décembre. La décote surpasse largement la dévaluation officielle de 28,5% annoncée dimanche et réservée aux transactions commerciales et financières extérieures.

Cette évolution déstabilise le nouveau chef de l'Etat, le péroniste Eduardo Duhalde, contesté par la classe moyenne, par la communauté internationale et par le chef de son propre parti, l'ex-président Carlos Menem.

Les principaux bureaux de change de Buenos Aires et celui de son aéroport international d'Ezeiza vendaient vendredi le dollar en moyenne à 1,70 peso, soit une dévaluation de 41% de la monnaie argentine sur le marché libre. Le ministre de l'Economie, Jorge Remes Lenicov, a limité en principe à 90 jours la cohabitation du marché libre et du marché officiel des changes. (Sur ce dernier, le dollar se vend à 1,40 peso). Après ce délai, le gouvernement pourrait adopter le flottement généralisé du peso, comme le recommandent le Trésor américain et le Fonds monétaire international (FMI).

...Eduardo Duhalde affirme redouter "un bain de sang". Cette dramatisation lui donne l'avantage d'apparaître comme le président de la dernière chance. Mais il conserve trois faiblesses: d'abord sa longue participation au pouvoir national et provincial qui a créé le chaos actuel, puis sa désignation par le parlement et non par le peuple et, enfin, la conviction de la communauté internationale (Etats-Unis, Union européenne et FMI) que son national-populisme économique qui frappe durement les intérêts étrangers n'est pas crédible...
La chute de la monnaie argentine accentuera la hausse galopante des prix liée à la crise politique, économique et sociale qui a vu défiler en Argentine cinq présidents depuis le 20 décembre dernier.

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L'inflation brutale, déjà de 40% sur des produits tels que les appareils électro-ménagers, attise la colère des Argentins. Cette colère explosait à nouveau dans la nuit de jeudi à vendredi. Des milliers de manifestants de la classe moyenne, 35.000 selon la police, ont protesté en frappant des casseroles dans les rues de Buenos Aires. Trois mille d'entre-eux rassemblés devant le palais présidentiel sur la Plaza de Mayo ont été dispersés par les forces de l'ordre à coups de grenades lacrymogènes. Des extrémistes ont endommagé les devantures de banques, des cabines téléphoniques et des abribus.

Ce nouveau "cacerolazo" visait le blocage confirmé et même accentué de l'épargne bancaire. Selon le calendrier annoncé jeudi par le ministre de l'Economie, les dépôts en dollars (plus de 60% du total de l'épargne) ne seront pas récupérables avant janvier 2003 et le processus de restitution s'échelonnera jusqu'en septembre 2005. En compensation, les titulaires de comptes courants alimentés par le paiement de salaires pourront désormais retirer 1.500 pesos par mois au lieu de 1.000.

En décembre, des "cacerolazos" identiques avaient entraîné les démissions successives de deux présidents, le radical Fernando De la Rua et le péroniste Adolfo Rodriguez Saa .

A la tête d'un gouvernement qui a confirmé le moratoire de la dette publique (141 milliards de dollars aujourd'hui), le président Eduardo Duhalde doit donc naviguer lui aussi entre une colère populaire souvent violente et le risque d'un crash bancaire généralisé. Les autorités reconnaissent en effet que si le "corralito" ("petit enclos", nom donné au blocage des comptes bancaires) était levé brusquement, nombre de banques s'effondreraient.

Eduardo Duhalde affirme redouter "un bain de sang". Cette dramatisation lui donne l'avantage d'apparaître comme le président de la dernière chance. Mais il conserve trois faiblesses: d'abord sa longue participation au pouvoir national et provincial qui a créé le chaos actuel, puis sa désignation par le parlement et non par le peuple et, enfin, la conviction de la communauté internationale (Etats-Unis, Union européenne et FMI) que son national-populisme économique qui frappe durement les intérêts étrangers n'est pas crédible.

En outre, aspirant à revenir au pouvoir lors l'élection de décembre 2003, l'ex-président Carlos Menem, toujours chef du parti Justicialiste (péroniste), tire à boulets rouges sur son frère ennemi qu'est depuis longtemps Eduardo Duhalde. Il le traite "d'inepte" pour avoir brisé la dollarisation de l'économie et décrété une dévaluation du peso que Carlos Menem considère comme "une grave erreur stratégique" qui accentuera la misère et le discrédit international.

Au-delà de joutes verbales, malgré son âge (71 ans) et le parfum de corruption qui avait enrobé ses deux présidences successives (de 1989 à 1999), Carlos Menem tente de devenir le rassembleur des mécontents, qui constituent certainement aujourd'hui la majorité des Argentins.


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