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Terrorisme, G20, interconnexions, crise, Europe
Espagne - France : les phrases de Sarkozy applaudies aux Cortes (Parlement)

MADRID, mercredi 29 avril 2009 (LatinReporters.com) - La coopération contre le terrorisme des indépendantistes basques de l'ETA, la défense de la place de l'Espagne au G20, l'accélération des interconnexions entre la France et l'Espagne, la manière d'affronter la crise économique globale et la défense "sans naïveté" de l'Europe ont été les clefs du succès politique de la visite d'Etat en Espagne du président français Nicolas Sarkozy. Du moins si l'on en juge par les applaudissements des députés et sénateurs pendant son discours devant les Cortes, le Parlement espagnol.

Le président français Nicolas Sarkozy lors de son discours devant les Cortes (les deux chambres du Parlement espagnol), réunies en séance solennelle au Congrès des députés - Madrid 28 avril 2009 (Capture d'écran LatinReporters)

Du 27 au 28 avril, la visite d'Etat, complétée par le XXIe Sommet franco-espagnol, a débouché notamment sur la décision d'instaurer avec le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero un "Comité de planification et de coordination stratégique de sécurité intérieure". Cet état-major commun devrait permettre à la France et l'Espagne d'étendre leur efficace collaboration contre l'ETA à la lutte contre le terrorisme islamiste, la criminalité organisée, le trafic de drogue, le blanchiment d'argent et l'immigration clandestine. Des vols groupés pour le rapatriement de sans-papiers sont prévus, ce qui confirme le virage à 180 degrés de l'Espagne en matière d'immigration.

Le succès populaire et médiatique dû à la présence de Carla Bruni-Sarkozy, ex-mannequin, chanteuse et épouse du président français, a accompagné le succès politique de la visite. M. Zapatero a qualifié Nicolas Sarkozy de "meilleur ami de l'Espagne". Dans les médias espagnols, la satisfaction domine aussi, même si l'influent quotidien de centre gauche El Pais titre le 29 avril, en guise de reproche ou d'avertissement, que dans son discours devant les Cortes "Sarkozy a donné des devoirs à Zapatero pour la présidence espagnole de l'Union européenne" [au premier semestre 2010; ndlr].

Le journal de centre droit El Mundo, principal concurrent d'El Pais, estime pour sa part que "la visite d'Etat historique du président français en Espagne a resserré davantage encore les liens entre deux pays voisins qui ont tant d'intérêts communs et elle a servi à dissoudre définitivement les soupçons et réticences historiques qui en d'autres temps empêchaient une collaboration politique plus efficace". El Mundo croit que "la personnalité arrachante de Sarkozy explique dans une bonne mesure ce virage. Son discours au Congrès fut reçu avec enthousiasme par des députés et sénateurs de toutes les couleurs [politiques]".


Les phrases de Nicolas Sarkozy applaudies aux Cortes par les députés et les sénateurs espagnols (Madrid, 28 avril 2009)

Le discours d'une demi-heure du président français fut interrompu par de vifs applaudissements à cinq reprises, à la fin de chacun des passages cités ci-dessous:

1. Terrorisme des indépendantistes basques de l'ETA : "L'Espagne a construit son propre modèle de démocratie. Un modèle qui exprime son attachement à son histoire, à son identité et bien sûr à sa diversité. Pourtant, la démocratie espagnole a encore un ennemi. Cet ennemi porte un nom: le terrorisme de l'ETA. Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, que les choses soient claires: la France n'a pas deux discours, la France n'en a qu'un seul. Chaque fois que la démocratie espagnole aura besoin de la République française dans la lutte contre les assassins, la démocratie espagnole pourra compter sur la République française. La France, patrie des droits de l'homme, se déshonorerait en étant un sanctuaire pour les terroristes. La France combat les assassins."

Conférence de presse de MM. Sarkozy (à gauche) et Zapatero. - Madrid 28 avril 2009, photo Presidencia del Gobierno.
2. Espagne et G20 : "L'Espagne est une des vingt premières économies du monde et lorsque les vingt premières économies du monde se réunissent, l'Espagne doit en être. Ce n'est pas une question de choix, c'est un devoir. Et nous ne pouvons pas demander à l'Espagne de remplir toutes ses obligations internationales et se trouver dans la situation où, par habitude, l'Espagne n'aurait pas le siège auquel elle a le droit. Que les choses soient claires, que les choses soient simples, l'Espagne doit être membre du G20."

3. Interconnexions France-Espagne: "Disons le franchement, en France, nous avons manqué de volonté politique pour créer les infrastructures à la mesure des échanges entre la grande Espagne et la France moderne. Eh bien, je le dis, le temps du splendide isolement est révolu. Il faut que dans trois ans, Barcelone soit à moins de quatre heures de Lyon par le TGV, le train à grande vitesse. Il faut que nos grandes villes soient reliées entre elles par des systèmes de TGV. Il faut que nous sécurisions nos réseaux énergétiques et que nous ayons enfin la ligne à très haute tension qui traverse les Pyrénées. Pensez donc: quinze ans pour faire passer une ligne à haute tension entre ces deux grands pays que sont l'Espagne et la France. Je vous propose moins de discours, moins de déclarations de principe et des décisions. Vous avez besoin de l'énergie. Les Espagnols et les Français ont besoin d'infrastructures. Allons-y maintenant!"

4. Crise, Europe et capitalisme: "Dans la crise sans précédent qui a frappé le monde, la question qui se pose à l'Espagne comme à la France est simple: est-ce que nous attendons que la crise passe et nous reprenons les mauvaises habitudes ou est-ce que nous voulons pouvoir dire à nos concitoyens: "Plus jamais les mêmes causes ne produiront les mêmes effets?" C'est la grande question des sommets qui vont nous occuper à New York et en Europe. Ma conviction, c'est que si l'Europe ne parle pas d'une seule voix, nous n'avons aucune chance de convaincre le monde de changer. Je crois que tout le monde est d'accord sur ce point. Mais parler d'une seule voix ne suffit pas. Il faut parler d'une seule voix pour dire des choses. Le consensus est indispensable à la condition expresse que ce consensus soit mis au service d'une grande ambition et non pas d'une toute petite. Et qu'est-ce que nous devons demander, vous les Espagnols et nous les Français, ensemble? Une refondation du capitalisme, une moralisation du capitalisme. Quels que soient vos engagements politiques, personne ici ne peut accepter que le spéculateur ait été privilégié sur l'entrepreneur. Personne ne peut l'accepter."

5. L'Europe, mais sans "naïveté": "Je souhaite également que la Présidence espagnole de l'Europe [au premier semestre 2010; ndlr] porte le discours d'une Europe ouverte, mais d'une Europe qui refuse la naïveté, qui accepte de se protéger, d'une Europe qui ne cédera pas sur le pouvoir vert, d'une Europe qui comprend ce que veut dire la préférence communautaire, d'une Europe qui défendra ses agriculteurs avec la même force que tous les présidents des Etats-Unis d'Amérique ont défendu leurs fermiers, d'une Europe qui imposera des règles en termes de protection de l'environnement à ses entreprises, mais qui ne laissera pas rentrer sur son territoire des produits fabriqués dans des pays où on ne respecte aucune règle environnementale, aucune règle sociale, aucune règle morale, aucune règle dans aucun sens. Ce n'est pas le protectionnisme, c'est le refus de la naïveté."


Vidéo et texte intégral des discours de Nicolas Sarkozy et de sa conférence de presse (avec José Luis Rodriguez Zapatero) - Visite d'Etat en Espagne des 27 et 28 avril 2009

  • Conférence de presse conjointe de Nicolas Sarkozy et José Luis Rodriguez Zapatero, président du gouvernement espagnol (Madrid 28 avril 2009). Cliquer.

  • Discours devant les Cortes, le Parlement espagnol (Madrid 28 avril 2009). Cliquer.

  • Allocution lors du dîner d'Etat offert par le roi Juan Carlos et la reine Sofia (Madrid, 27 avril 2009). Cliquer.

  • Discours lors de la réception offerte par Nicolas et Carla Sarkozy en l'honneur de la Communauté française d'Espagne (Madrid, 27 avril 2009). Cliquer.

    Dans les médias espagnols, seule la grippe porcine concurrença la visite d'Etat du président français Nicolas Sarkozy et de son épouse Carla Bruni. "Peur dans toute l'Europe de l'avance de la grippe porcine" titrait à la une El Mundo le 28 avril 2009, à la même hauteur qu'une photo montrant (de gauche à droite) la princesse Letizia, son mari le prince héritier Felipe, la reine Sofia et Carla Bruni-Sarkozy.

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