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L'ex-ministre de Franco et le PP à un siège d'une 5e majorité absolue
Espagne-élections en Galice: les émigrés arbitres entre Fraga et la gauche

Manuel Fraga, satisfait d'un résultat pourtant plus qu'incertain
Photo PP de Galicia
par Christian Galloy
Analyste politique, directeur de LatinReporters.com

MADRID, lundi 20 juin 2005 (LatinReporters.com) - Avec pour chef régional Manuel Fraga Iribarne, 82 ans et ex-ministre de Franco, le Parti populaire (PP, droite) dépend du vote des émigrés pour conserver ou non son fief symbole, la Galice, qu'il contrôle depuis plus de vingt ans. Les élections régionales de dimanche laissent Fraga et le PP à un siège de la majorité absolue.


Ce n'est que le 27 juin que l'on connaîtra le résultat du vote par courrier des émigrés galiciens. Plus de 300.000 d'entre eux -11,6% des 2.600.000 électeurs- étaient habilités à voter. Leur poids est suffisant pour éventuellement faire basculer à nouveau la majorité absolue en faveur de la droite au Parlement galicien.

En dépit de tous les sondages qui le situaient très au-dessous de la majorité absolue, Fraga, "le lion de Villalba" (sa ville galicienne natale), manquait d'un seul siège sa 5e majorité absolue consécutive en récoltant dimanche 44,9% des suffrages et 37 des 75 députés du Parlement régional, soit 6 points et 4 élus de moins qu'en 2001. La participation, 68,1%, a atteint un sommet historique en Galice.

A la une des médias en 2002 et 2003 avec la marée noire du pétrolier Prestige, la pire qui ait jamais frappé l'Europe, la Galice pourrait être gouvernée par une coalition de gauche au cours des quatre prochaines années.

Cette coalition unirait, d'une part, les socialistes, en forte hausse sous la houlette du professeur d'université Emilio Perez Touriño (32,5% des voix contre 21,8% en 2001 et 25 députés régionaux contre 17), et, d'autre part, le Bloc nationaliste galicien (BNG) d'Anxo Quintana.

Le BNG, avec 19,6% des votes (23,3% en 2001) et 13 élus (17 en 2001), est le véritable perdant du scrutin, d'autant plus que la Galice est, avec le Pays basque et la Catalogne, l'une des trois régions espagnoles censées abriter un nationalisme historique illustré par un premier statut d'autonomie régionale négocié sous la République, à la veille du soulèvement franquiste de 1936.

En outre, très actif lors de la marée noire du Prestige, le BNG espérait capitaliser la colère née de la gestion catastrophique de cette crise par le PP, alors au pouvoir tant à Madrid qu'à Saint-Jacques-de-Compostelle, capitale politique de la Galice.

Néanmoins, les nationalistes galiciens compenseraient plus que largement leur revers s'ils entraient dans une coalition gouvernementale régionale aux côtés des socialistes.

Le suspense électoral ouvert dimanche ne prendra donc fin que le 27 juin avec le dépouillement du vote des émigrés galiciens. Ils sont traditionnellement favorables à la droite et au PP, quoique depuis la victoire des socialistes de José Luis Rodriguez Zapatero aux législatives nationales du 14 mars 2004, un "effet Zapatero" semble bousculer divers paramètres.

Manuel Fraga a fait campagne en Argentine et en Uruguay, terres d'accueil privilégiées des Galiciens. Région la plus pauvre d'Espagne avec l'Estrémadure, la Galice, grande réceptrice d'aides européennes, a perdu au cours des deux premiers tiers du 20e siècle deux millions de ses habitants, poussés à l'émigration par la misère.

Dernier rescapé politique du franquisme, ex-ministre de l'Information et donc censeur en chef, dans les années 1960, du dictateur Francisco Franco (galicien lui aussi), Fraga étonne aujourd'hui par sa résistance électorale. Après la mort de Franco, en 1975, il avait déjà surpris par sa conversion politique, devenant l'un des pères de la Constitution démocratique espagnole de 1978 et fondant l'Alliance populaire, devenue l'actuel Parti populaire.

Autoritaire paternaliste, ami de Fidel Castro (fils... d'un émigré galicien), don Manuel, comme l'appellent ses fidèles, a en tout cas préservé la droite de la défaite sèche annoncée par les sondages. Il a confirmé l'attachement de nombreux Galiciens aux valeurs les plus traditionnelles.

Si Fraga était écarté du pouvoir le 27 juin, le PP et son chef national, Mariano Rajoy, seraient certes secoués dans toute l'Espagne, mais moins qu'ils ne le craignaient.

Une déroute pure et simple de la droite dans sa place-forte fétiche galicienne aurait laissé au socialiste Zapatero les mains plus libres, face à l'opinion publique, notamment pour dialoguer avec les séparatistes basques de l'ETA et poursuivre une révolution sociale, qui passe, entre autres, par la légalisation polémique du mariage homosexuel, avec droit à l'adoption d'enfants.

Mais le score honorable de Fraga en Galice, voire son éventuelle (mais peu probable) 5e majorité absolue consécutive, conservera au PP, qui contrôle huit des dix-sept régions autonomes espagnoles, un crédit national qui facilitera la mobilisation de ses militants.

A cet égard et à la surprise des observateurs, les manifestations massives de rue deviennent, depuis plusieurs semaines, un outil de pression politique que la droite espagnole a ravi à la gauche.

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