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Devant 5,8 millions de téléspectateurs
Espagne: Zapatero piégé par le café comme Giscard par le métro

EL MUNDO - Zapatero répond à 100 citoyens
 18sec Jesus Cerdan et le café à 80 centimes
 1m 26sec L'ETA (réponse à Virginia Martin)
 42sec Irak: ne pas traduire Aznar en justice

MADRID, mercredi 28 mars 2007 (LatinReporters.com) - Le prix d'un café version Zapatero, très au-dessous de la réalité, faisait la une, le 28 mars, des principaux quotidiens d'Espagne. Secoué à la télé par les questions de cent citoyens choisis aléatoirement, le discours politique officiel espagnol a pris un salutaire coup de vieux.

Pendant la campagne de l'élection présidentielle française de 1974, la regrettée Françoise Giroud cuisinait le candidat Valéry Giscard d'Estaing sur le prix du ticket de métro. Son ignorance monarchiquement absolue des tarifs de ce transport de la populace n'empêcha pas l'aristocrate Giscard d'entrer à l'Elysée. Mais en devenant un symbole tenace du fossé entre pouvoir et réalité quotidienne, cet épisode contribua à enterrer les ambitions giscardiennes face au socialiste Mitterrand en 1981.

Quoique socialiste, le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a désormais un peu l'allure d'un Giscard ibérique. Au soir du 27 mars, la version sud-pyrénéenne de "J'ai une question à vous poser", copie de la version française de TF1, a fait boire à M. Zapatero un café amer bien tassé devant 5.834.000 téléspectateurs de la 1ère chaîne publique, record historique d'audience d'une émission politique en Espagne.

Le leader socialiste avait déjà dessiné le paysage idyllique du miracle économique espagnol lorsqu'il fut interpellé par Jesus Cerdan, 51 ans, agent immobilier de Pampelune, capitale de la Navarre: "Moi, auparavant, avec 5.000 pesetas je passais la semaine. Aujourd'hui, avec 50 à 60 euros [l'équivalent de près de 10.000 pesetas] je n'y arrive pas. Statistiquement, tout va bien comme au cinéma, mais dans la rue, non. Combien vaut un café dans la rue? Pouvez-vous me répondre?

"Oui, 80 centimes" répliqua M. Zapatero.

Et Jesus Cerdan de s'exclamer: "Non! Ça c'était quasi à l'époque du grand-père Pachi". [Le journal El Mundo y voit une référence au dictateur Francisco Franco, mort en 1975].

Radios et télévisions ont aussitôt enquêté dans les bars sur le prix du café solo, cortado, con leche ou americano. Verdict: le prix moyen de la tasse se situe en Espagne entre 1,20 et 1,50 euro, avec des pointes surpassant 3 euros. Pour ne payer que 80 centimes sans devoir rechercher pendant des heures la perle rare, il faut aller dans les cantines de maisons de retraités ou... au bar du Congrès des députés, plus fréquenté par M. Zapatero que les bars à churros et à tapas.

Jesus Cerdan est désormais une gloire nationale. Même l'influent quotidien El Pais l'a interviewé. Ma question n'était qu'une "anecdote", dit-il, mais elle a révélé que le président "n'est pas dans la rue".

Au total, parmi les 100 citoyens de tous âges, régions et professions sélectionnés (dont plusieurs immigrés), 42 ont interrogé en studio et en direct José Luis Rodriguez Zapatero lors de cette première ibérique de "J'ai une question à vous poser".

Irak, terrorisme, ETA, unité de l'Espagne, immigration, crispation du climat politique, crise de la betterave, flambée de l'immobilier, avenir incertain de la jeunesse, pauvreté, éducation, drogue, légitimité et coût de la monarchie... L'émission a tracé un panorama quasi général des inquiétudes présentes.

M. Zapatero a indiqué qu'il n'est "absolument pas partisan" de faire traduire son prédécesseur, le conservateur José Maria Aznar, devant la Cour pénale internationale de La Haye pour avoir impliqué l'Espagne dans la guerre en Irak. Pour le reste, les réponses du leader socialiste étaient puisées dans le discours politique traditionnel et contrastaient avec la spontanéité des questions. Le journaliste modérateur Lorenzo Mila a transmis au chef du gouvernement, après la fin de l'émission, la sensation qu'il "n'a pas mis à profit l'occasion de tenir un discours moins prévisible et plus proche des gens".

Parmi les intervenants, notons Virginia Martin, organisatrice d'événements, 29 ans. Disant avoir voté pour les socialistes aux législatives de 2004, elle affirma se sentir "indignée, trompée et gagnée par la honte", se demandant pourquoi on a pu offrir récemment une semi-liberté au terroriste basque Juana De Chaos, coupable de 25 assassinats perpétrés au nom de l'ETA. Le père de Virginia est l'une des centaines de personnes menacées par l'organisation séparatiste.

David Platero, universitaire de 19 ans, a demandé "Quand prendra-t-on des mesures pour que je puisse m'acheter un appartement?". M. Zapatero exposa alors longuement sa politique du logement, visant notamment à freiner la flambée des prix. "Avec tout ce que vous venez de dire, je ne peux toujours pas m'acheter un appartement" conclut le jeune étudiant.

Rocio Zirpoli, universitaire aussi, 22 ans, avait également voté pour les socialistes. Elle expliqua qu'au sortir de l'université, la plupart des diplômés ne peuvent décrocher que des "contrats poubelles" à durée limitée et avec salaire minimum. "Vous aviez pourtant souligné, lors de votre élection, que l'important serait de ne pas décevoir les jeunes qui vous faisaient confiance" a-t-elle lancé à M. Zapatero, ne cachant pas qu'elle-même s'estimait déçue.

Le chef du gouvernement a voulu voir dans cette émission la preuve d'une liberté sans précédent de la télévision publique. Début avril, sur le même plateau, le feu des questions visera Mariano Rajoy, leader de l'opposition conservatrice et président du Parti Populaire.

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