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Cristina Fernandez est l'épouse du président sortant Nestor Kirchner
Argentine : la reine Cristina favorite de l'élection présidentielle

BUENOS AIRES, vendredi 26 octobre 2007 (LatinReporters.com) - Nom? Cristina Fernandez de Kirchner. Sexe? Féminissime. Age? 54 ans officiels, 44 ou même 42 apparents. Profession: sénatrice et femme de président. Etat social: favorite absolue de l'élection présidentielle du 28 octobre. Futur probable: première reine élue de la République d'Argentine.

Discours de Cristina Fernandez de Kirchner sur fond de drapeau argentin
Photo Presidencia de la Nación Argentina

...de Kirchner. Pourquoi "de"? Car elle est l'épouse de Kirchner, Nestor, l'actuel président argentin. Les Latinos sont machos et croient que leur femme leur appartient. Mais pour qui connaît Cristina... D'elle ou de Nestor, le porte-jupe serait plutôt le second.

Néanmoins, le "de" semble ici adéquat, car pouvant suggérer une noblesse. Non celle du sang-bleu dégénéré. Marquis et baronnets feraient plutôt rire dans la Pampa ou au bord du Rio de la Plata. Cristina irradie plutôt d'une noblesse républicaine, un fascinant mélange contradictoire de social et de Chanel-Dior-Givenchy, de glamour et de pouvoir, de minaudière surmaquillée et de tribun haranguant une heure durant les assemblées sans consulter le moindre texte. Le tout enrobé de la nostalgie collective héréditaire d'Evita, femme du président Perón et pasionaria des descamisados, emportée à 33 ans, en 1952, par un cancer prématuré.

Evita voulut être vice-présidente. L'armée et sa santé l'en dissuadèrent. Isabel, 3e femme de Perón, obtint cette vice-présidence qui la transforma en chef de l'Etat au décès de son mari, en 1974. Elle fut renversée deux ans plus tard par une junte militaire qui laissa dans son sillage entre 18.000 et 30.000 morts ou disparus. Si les sondages disent vrai, Cristina deviendra, elle, dimanche dès le premier tour, la première femme élue présidente de l'Argentine. Des médias l'appellent déjà la reine Cristina.

Comme une souveraine, elle héritera du pouvoir, transmis en famille par Nestor. Grâce à lui, la présidence de la nation, son palais, ses actes publics, ses avions et ses fonctionnaires ont été des armes de Cristina pour solliciter la charge suprême. Hillary Clinton, par contre, à qui on compare souvent Cristina, n'est pas appuyée par l'administration Bush dans sa course à la candidature à la présidence des Etats-Unis. Et Bill Clinton, s'il occupait encore la Maison blanche, se serait probablement gardé, démocratie oblige, de lancer Hillary dans une course présidentielle orchestrée par le pouvoir fédéral.

Ce népotisme majuscule ne sera apparemment pas, que du contraire, sanctionné par les urnes. Cristina est une héritière consentie, comme dans les relèves monarchiques. On prête aux deux membres du couple Kirchner l'ambition de se succéder à tour de rôle à chaque législature, tous les quatre ans. Pareille dynastie conjugale, qui supposerait tout de même l'aval constant des urnes, contournerait la barrière constitutionnelle prohibant à un même président d'exercer plus de deux mandats consécutifs.

Comme Nestor, Cristina a grandi politiquement dans l'aile gauche du péronisme, mais comme celui d'une souveraine, son message actuel transcende les idéologies. "Nous savons ce qu'il faut et nous savons comment le faire" a été le slogan vedette de campagne de Cristina. Son flou stupéfiant frôle l'orgasme dans les phrases "Allons de l'avant. Nous allons le faire. Nous sommes en train de le faire. C'est le futur, mais c'est aussi le présent"...

La royale Cristina vogue ainsi à mille lieues du labyrinthe idéologique français de l'infortunée Royal Ségolène. La "transversalité" kirchnérienne, soit la capacité du couple présidentiel à recruter des collaborateurs de tous bords, ressemble à l'ouverture sarkozyste. Sur le ticket de Cristina, le candidat à la vice-présidence est Julio Cobos, gouverneur de la province de Mendoza, débauché de l'historique Union Civique radicale, l'unique parti ayant pu faire de l'ombre au péronisme.

La "transversalité" est si avancée et les états-majors politiques si remués depuis le désastre politico-économique de 2001 que les candidats à la présidentielle et aux législatives partielles du 28 octobre ont délaissé les sigles des partis traditionnels. Cristina est ainsi candidate du "Front pour la Victoire" forgé par son mari Nestor. Peut-être le péronisme de demain, mais qui ne dit plus son nom. Pour l'heure, Cristina se prévaut d'une "concertation articulant des représentations politiques et sociales qui, surpassant de vieilles antinomies, se reconnaissent dans un projet de pays". Elle souhaite un vaste "accord social" entre travailleurs, patronat et l'Etat. Mais pas un mot sur l'insécurité, principale préoccupation des 39 millions d'Argentins.

"Le changement vient de commencer" proclame un autre slogan de Cristina. Une manière de dire qu'elle approfondira la récupération institutionnelle et socio-économique dont est crédité Nestor, avec une hausse de plus de 40% du PIB en une seule législature. On reconnaît aussi au président sortant d'avoir mis fin à l'impunité de dirigeants et tortionnaires de la dictature militaire (1976-1983). "Les droits humains ne sont une question ni de droite ni de gauche; ils sont le respect inconditionnel de la condition humaine" tranche par élévation Cristina.

"L'Amérique latine a besoin de Chavez, comme l'Europe de Poutine"

Malgré la prudence du langage, l'ancrage est à gauche. "Nous sommes en train de changer l'histoire de l'Amérique latine avec le défi de l'espace progressiste" reconnaît Cristina. Elle appelle à "approfondir davantage l'intégration latino-américaine" et remercie le président vénézuélien Hugo Chavez, gros acheteur de bons argentins, "d'avoir aidé le pays au moment où personne ne le faisait". En outre, selon une déclaration de Cristina au quotidien madrilène El Pais, "l'équation énergétique latino-américaine ne peut pas être résolue sans la présence du Venezuela et de la Bolivie. L'Amérique latine a besoin de Chavez comme l'Europe de Poutine".

Ainsi que le Venezuela, le Brésil, l'Equateur, la Bolivie, l'Uruguay, le Paraguay et même la Colombie du conservateur Alvaro Uribe, l'Argentine sera membre de la Banque du Sud (Banco del Sur), dont l'acte de fondation sera bientôt signé à Caracas. Cette institution réduira davantage l'influence exercée sur la région par Washington via le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement.

Cristina recherchera néanmoins avec les Etats-Unis une cordialité négligée par Nestor. Dans sa campagne électorale internationale qui l'a menée notamment aux Etats-Unis, en Allemagne, en France, en Espagne, au Mexique, au Brésil, etc. pour tenter d'accréditer sa stature de femme d'Etat, Cristina et ses publicistes ont fait grand cas de sa rencontre avec Bill Clinton. Buenos Aires mise sur l'avènement prochain d'une administration démocrate à Washington.

Avec sa féminité à la fois exubérante et contenue, ses talons aiguilles, ses bijoux sur robes de haute couture, ses mains fines caressant les micros derrière lesquels elle exécute une lente danse de pingouin pour dire un mot à droite, un autre à gauche et mobiliser ainsi tout l'auditoire, cette reine Cristina sera, malgré la corruption ambiante et la falsification électoraliste d'indicateurs économiques, un visage aimable et le plus sophistiqué de la nouvelle gauche latino-américaine. Une alternative aux bravades grossières du cirque chaviste.

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Argentine - Chavez et le profil international de Cristina Kirchner
Dossier ARGENTINE


Elections argentines du 28.10.2007
SONDAGES ET CANDIDATS


BUENOS AIRES, 26 octobre 2007 (LatinReporters) - Président(e) et vice-président(e) de la République, la moitié de la Chambre des députés et un tiers du Sénat, ainsi que les gouverneurs et députés provinciaux de 8 des 23 provinces seront élus le 28 octobre 2007 en Argentine. Le pays compte 39 millions d'habitants et 27 millions d'électeurs. Autorisé à partir de 18 ans, le vote est obligatoire.

Quatorze candidats briguent la présidence. L'élection présidentielle pour un mandat de 4 ans peut se jouer sur deux tours. Sera élu(e) dès le 1er tour celui ou celle ayant obtenu, outre le plus grand nombre de votes, au moins 45% des suffrages ou au moins 40% avec, dans ce cas, une avance minimale de 10 points sur le concurrent le plus proche. Selon les sondages, seule la sénatrice Cristina Fernandez de Kirchner, épouse du président sortant Nestor Kirchner, pourrait et serait probablement élue au 1er tour.

Les résultats de 10 sondages différents publiés simultanément le 21 octobre hiérarchisent ainsi les 5 principaux candidats à la présidence:

1. Cristina Fernandez de Kirchner (Front pour la Victoire; gauche péroniste): entre 39,1 et 47,9% des suffrages.
2. Elisa Carrio (Coalition Civique; à la fois chrétienne, libérale et associée au Parti socialiste): de 14,5 à 18,1%.
3. Roberto Lavagna, ex-ministre de l'Economie du président Kirchner et artisan du retour à la croissance (UNA - Une  Nation Avancée; centriste et soutenue par l'Union civique radicale, adversaire historique du péronisme): de 10,6 à 16,5%.
4. Alberto Rodriguez Saa (FREJULI -Front Justicialiste Union et Liberté; péronisme néo-libéral): de 4,9 à 9,1%.
5. Ricardo Lopez Murphy (Recrear; droite libérale): de 1,5 à 4,5%.
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