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Deux mineurs tués et des dizaines d'autres blessés
Chaos en Bolivie: Chavez annule sa visite à Evo Morales avant le référendum révocatoire

Le président bolivien Evo Morales. A ses côtés, son allié Hugo Chavez, président du Venezuela.
(Photo d'archives de Marcelo Garcia, Prensa Presidencial, Venezuela).
LA PAZ, mercredi 6 août 2008 (LatinReporters.com) - Le président du Venezuela, Hugo Chavez, et la présidente de l'Argentine, Cristina Fernandez de Kirchner, ont annulé la visite qu'ils devaient effectuer ensemble le 5 août en Bolivie. Le pays est menacé de chaos avant le référendum révocatoire du 10 août lors duquel le chef de l'Etat bolivien, Evo Morales, jouera son maintien à la présidence. Deux mineurs ont été tués et des dizaines d'autres blessés lors d'affrontements avec la police.

"J'ai parlé avec Evo [Morales] et nous avons décidé de suspendre le voyage à Tarija" annonçait Hugo Chavez mardi à Buenos Aires, d'où il projetait de s'envoler avec Cristina Kirchner.

Une multitude de Boliviens hostiles à la venue à Tarija du président Morales, qui a lui aussi annulé ce déplacement, faisait reculer à coups de pierres, de bâtons et de pétards la police qui gardait l'aéroport de cette ville du sud-est bolivien. Tarija est le chef-lieu du département du même nom, qui abrite la majorité de la production et des réserves boliviennes de gaz. Chavez et Cristina Kirchner devaient y relancer avec Evo Morales leur coopération énergétique et surtout clamer leur soutien au socialisme bolivien avant le référendum révocatoire.

Hugo Chavez a attribué les heurts à "la cinquième colonne de l'empire des Etats-Unis, qui fera tout pour empêcher notre union, mais il n'y parviendra pas".

Jugeant irrecevable pour vices de forme et de fond le projet de nouvelle Constitution socialiste et indigéniste du président Morales, les départements de Tarija, Santa Cruz, Pando et Beni ont fait plébisciter à plus de 80%, en mai et juin derniers, leur autonomie régionale qu'Evo Morales juge illégale et séparatiste. La crise est à la fois idéologique, économique et ethnique puisqu'elle oppose l'ouest andin défavorisé et dominé par des autochtones de gauche à l'est amazonien riche en hydrocarbures que veut gérer une majorité de libéraux blancs et métis.

Mais l'opposition au président Morales, lequel impute toute difficulté au "complot impérialiste", a gagné aussi le centre du pays. Les départements de Cochabamba et de Chuquisaca envisagent en effet également l'autonomie et même le gouverneur de La Paz est solidaire de la grogne régionale. Sur neuf gouverneurs régionaux, appelés officiellement préfets, à peine deux soutiennent encore Evo Morales.

Les gouverneurs furent élus au suffrage universel. La Bolivie vit donc l'affrontement de deux légitimités. Evo Morales espère en sortir vainqueur grâce au référendum révocatoire dont lui-même et les élus de son Mouvement vers le socialisme (MAS) sont les promoteurs. Huit des neuf gouverneurs pourront aussi être révoqués, comme l'espère le président Morales, ou confirmés dans leurs fonctions lors du même référendum.

Pour que soient révoqués Evo Morales et son vice-président, l'ex-guérillero d'extrême gauche Alvaro Garcia Linera, le non référendaire à leur maintien au pouvoir devrait surpasser à la fois 53,74% et 1.544.374 bulletins de vote valables. Ce pourcentage et ce nombre de voix firent d'Evo Morales, aux élections du 18 décembre 2005, le premier Amérindien élu président en Bolivie.

Que l'opposition franchisse ce double seuil semble improbable. Les sondages prédisent le maintien d'Evo Morales. Sa défaite est néanmoins possible. Elle provoquerait la convocation de nouvelles élections générales, législatives et présidentielle, et remettrait aux calendes indiennes l'avènement d'une nouvelle Constitution. Selon le président Morales, l'enjeu du référendum serait "le choix entre la poursuite des nationalisations ou le retour au néolibéralisme qui privatise".

Evo Morales indésirable aussi dans la capitale constitutionnelle

Pas plus qu'à Tarija, le président bolivien n'est le bienvenu dans la capitale constitutionnelle de son pays, la ville de Sucre, chef-lieu du département de Chuquisaca. Les autorités locales le lui ont signifié et Evo Morales, redoutant des heurts, a renoncé à se rendre à Sucre le 6 août, jour de la Fête nationale, pour y prononcer le traditionnel discours présidentiel. Pour la première fois peut-être dans l'histoire de la Bolivie, c'est à La Paz que le chef de l'Etat devait s'adresser à la nation un 6 août.

Sucre ambitionne de redevenir la capitale nationale effective. Elle ne l'est plus que de nom depuis la brève guerre civile de 1899. Le refus d'Evo Morales d'inclure dans les débats constitutionnels la réinstallation éventuelle à Sucre de la présidence de la République et du Parlement, déplacés voici plus d'un siècle à La Paz, a provoqué de multiples heurts et manifestations.

Le 24 novembre 2007, c'est dans une caserne de la périphérie de Sucre et sous la protection de soldats et policiers en armes que les seuls élus et alliés du MAS d'Evo Morales, en l'absence de l'opposition conservatrice et sans respecter l'obligation légale d'une majorité des deux tiers, approuvèrent le projet de nouvelle Constitution. Un climat insurrectionnel faisait alors à Sucre 3 morts et plus de 130 blessés. Le gouverneur du Chuquisaca, un partisan du président Morales, prenait la fuite. Il a été remplacé par l'indigène quechua Savina Cuellar, qui devança le candidat d'Evo Morales à l'élection départementale du 29 juin dernier. Etre vaincu par une autochtone, dont le mandat ne sera pas remis en jeu le 10 août, est un revers particulièrement cinglant pour un président qui prétend représenter les Amérindiens.

A l'approche de l'important vote référendaire du 10 août, la Bolivie demeure secouée par une vague de protestations, aussi violentes et parfois davantage que celle de Tarija.

Dans le département d'Oruro, l'une des deux régions dont les autorités locales soutiennent encore Evo Morales, deux mineurs de la mine d'étain de Huanuni ont été tués et plus de trente autres blessés lors d'affrontements avec la police. Affiliés à la Centrale ouvrière bolivienne (COB), principal syndicat du pays, les manifestants, qui ont tenté de dynamiter un pont, exigent comme la COB l'acceptation d'un projet de loi sur les retraites plus avantageux que le projet gouvernemental.

Cette revendication de la COB, autrefois l'une des principales alliées d'Evo Morales, est soutenue par les mobilisations d'autres secteurs, notamment les professeurs de l'enseignement public. Dans plusieurs villes, handicapés et invalides manifestent aussi, réclamant l'appui financier de l'Etat promis par Evo Morales lorsqu'il briguait la présidence. A La Paz, la police les a chargés. Arguant de la brutalité policière, la COB n'hésite plus à traiter Evo Morales de "néofasciste".

La délégation des Nations unies en Bolivie a lancé un appel au calme et à la tolérance. Le chef de la mission d'observation de l'Organisation des Etats américains (OEA) au référendum du 10 août, le Guatémaltèque Eduardo Stein, s'inquiète à la fois des "symptômes de polarisation" qui agitent la Bolivie et d'un "vide" dans le contrôle constitutionnel du référendum et de l'interprétation de ses résultats.


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