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Colombie / Betancourt / otages : deux questions essentielles à Juan Carlos Lecompte, mari d'Ingrid

MADRID / BOGOTA, mardi 12 février 2008 (LatinReporters.com) - Lutter pour la libération des otages séquestrés par la guérilla marxiste des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) sans faire le jeu des guérilleros ravisseurs... Cette préoccupation sous-tend deux questions essentielles posées au Colombien Juan Carlos Lecompte, mari de la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, séquestrée par les FARC depuis le 23 février 2002.

Ingrid Betancourt en captivité dans un camp de la guérilla des FARC. Prise le 24 octobre 2007 et saisie par l'armée à un commando urbain des FARC, cette photo a été diffusée le 30 novembre 2007 par la Présidence de la Colombie.

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Lors de la rencontre digitale organisée le 11 février entre les internautes et M. Lecompte par le journal espagnol El Mundo, leader mondial de l'information en espagnol sur Internet (1,1 million de lecteurs uniques quotidiens d'elmundo.es), on a pu lire notamment les questions et réponses suivantes:

-Ne croyez-vous pas, vous les membres de la famille de certains séquestrés en Colombie, que par votre clameur en faveur d'un mal nommé "accord humanitaire" [pour l'échange d'otages dits "politiques", dont Ingrid Betancourt, contre des guérilleros emprisonnés; ndlr] vous soumettez la souveraineté de toute une nation de plus de 40 millions d'habitants [la Colombie; ndlr] au joug d'une organisation terroriste telle que les FARC en échange de l'intérêt particulier d'une minorité? Ne vaudrait-il pas mieux lutter tous ensemble contre ces criminels pour les dissoudre et libérer ainsi définitivement un pays entier plutôt que d'agenouiller l'Etat de droit et les institutions devant le délit pour la libération au compte-gouttes de quelques séquestrés? Vaut-il mieux couper la racine ou élaguer discrètement le problème?

Juan Carlos Lecompte : "L'accord humanitaire est la seule voie civilisée, pacifique et sûre pour récupérer les membres de notre famille. Les FARC ne vont pas disparaître à court terme, de nombreuses années s'écouleront. Je pense que tant que le monde ne légalisera pas la drogue, la violence ne prendra pas fin en Colombie. La drogue est le combustible de la guerre dans mon pays, elle finance la guérilla, les paramilitaires, une grande partie de la classe politique corrompue et quelque autre militaire et policier corrompu. Nous ne pouvons pas attendre que la guerre se termine pour récupérer les membres de notre famille. Le sauvetage militaire, dans les conditions dans lesquelles se trouvent les séquestrés politiques, est une condamnation à mort."

-Monsieur Lecompte, il est clair pour n'importe quel analyste que l'attitude de la famille d'Ingrid
[Betancourt], attaquant le gouvernement colombien et avalisant les exigences des FARC, a contribué à ce que les preneurs d'otages la considèrent [Ingrid] comme leur meilleur butin pour avoir [en la famille Betancourt] des porte-parole permanents en leur faveur. N'est-ce pas un manque absolu d'intelligence et de stratégie pour obtenir réellement sa libération?

Juan Carlos Lecompte : "Quand on te vole une voiture, tu recours à l'autorité, tu protestes auprès d'elle pour la perte de ton véhicule, tu ne parcours pas toute la ville à la recherche des bandits qui l'ont volé. Les seuls responsables de la séquestration sont les guérilleros, mais c'est l'autorité qui doit garantir la vie et la liberté de tous les citoyens."


FARC, Chavez, Union patriotique, ETA...

Ces 2 questions, sur un total de 29 posées par les internautes d'El Mundo, ne mettent pas en cause la mobilisation nationale et internationale en faveur de la libération des otages des FARC, mais plutôt la façon dont elle s'exerce. C'est le choix, souvent fait en Europe, du gouvernement colombien du président Alvaro Uribe et non de la guérilla comme cible de la pression médiatique, politique et humanitaire qui est implicitement critiqué.

A ce propos, il est intéressant de constater que la récente libération unilatérale de deux otages "politiques" des FARC et l'annonce de la libération prochaine de trois autres sont liées, au moins temporellement, aux pressions découlant de revers politico-médiatiques subis par les FARC ou par leur principal allié déclaré, Hugo Chavez, président du Venezuela.

La libération, annoncée par les FARC le 18 décembre 2007 et concrétisée le 10 janvier 2008, de Clara Rojas, proche collaboratrice d'Ingrid Betancourt, et de l'ex-parlementaire Consuelo Gonzalez de Perdomo avait été présentée par les FARC comme une "réparation morale" ("desagravio") à Hugo Chavez.

Le président vénézuélien venait en effet de subir une série de revers très médiatisés. Le désormais célèbre "Pourquoi tu ne te tais pas?", devenu slogan vedette de l'opposition vénézuélienne, lui était lancé le 10 novembre par le roi Juan Carlos d'Espagne au sommet ibéro-américain de Santiago du Chili. Onze jours plus tard, Hugo Chavez, furieux, était sèchement révoqué par le président colombien de son mandat officiel de médiateur avec les FARC pour contact non autorisé avec le haut commandement militaire colombien. Enfin et surtout, le bouillant vénézuélien subissait sa première défaite électorale en neuf ans de pouvoir, au référendum du 2 décembre 2007 sur son projet de réforme socialiste de la Constitution. Cet échec l'empêchera théoriquement de briguer un nouveau mandat à l'élection présidentielle de décembre 2012.

Quant à la libération à une date encore indéterminée de trois autres otages "politiques" colombiens, les anciens parlementaires Gloria Polanco de Losada, Luis Eladio Perez et Orlando Beltran Cuellar, elle a été annoncée par les FARC le 2 février dernier, deux jours avant une mobilisation historique dont le succès était prévisible. Plus deux millions de manifestants selon la majorité des observateurs (4,8 millions selon le gouvernement colombien) ont marché le 4 février, en Colombie et dans plus de 140 villes des 5 continents, sous le slogan "Assez d'enlèvements! Assez de mensonges! Assez de morts! Non aux FARC!".

Jamais la guérilla marxiste n'avait subi aux yeux du monde pareille défaite populaire, médiatique et politique. Les guérilleros en sont-ils ébranlés? Un dramatique précédent historique complique leur reconversion démocratique. A la fin des années 1980, trois mille militants de l'Union patriotique, parti légal créé par les FARC, furent assassinés. Le président Uribe note toutefois, sans justifier les crimes, qu'à l'époque la guérilla marxiste poursuivait ses attaques, parallèlement à l'activité de ses mandataires politiques élus démocratiquement. Cette situation pourrait être comparée partiellement à celle relativement moins dramatique du Pays basque espagnol, où des partis amis des séparatistes armés de l'ETA sont aujourd'hui encore poursuivis pour leur appui aux attentats terroristes que commet toujours l'ETA.

Les FARC ne libèrent unilatéralement certains otages qu'à la condition qu'ils soient recueillis par le président vénézuélien ou par ses délégués, condition à laquelle se soumet jusqu'à présent le gouvernement du président Alvaro Uribe, moralement obligé. Nombre d'éditorialistes colombiens inscrivent cette collaboration entre la guérilla colombienne et Hugo Chavez dans l'ambition de ce dernier d'étendre en Colombie sa révolution dite bolivarienne.

En conclusion, qu'elles soient programmées ou qu'elles découlent des aléas de l'actualité politique, les pressions sur le couple "bolivarien" FARC-Chavez semblent contribuer mieux à la libération d'otages que des louanges parfois avilissantes. Cette voie mérite d'être approfondie.

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