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Colombie - otages : que retiendra Nicolas Sarkozy de l'échec de sa mission humanitaire?

Le président français Nicolas Sarkozy (à gauche) et son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner: approche erronée de la Colombie et du drame d'Ingrid Betancourt et des autres otages de la guérilla des FARC.
© Council of the European Union

NDLR - LatinReporters, samedi 19 avril 2008:

Retour sur l'échec, début avril, de la mission humanitaire dépêchée en Colombie à l'initiative de la France pour tenter d'accéder à la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, otage depuis le 23 février 2002 de la guérilla marxiste des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie).

Cet article du journaliste colombien Eduardo Mackenzie va au-delà de l'actualité immédiate et conserve sa valeur depuis la date de sa rédaction, le 10 avril dernier. Il a été publié sur le blog de Jacques Thomet, ancien directeur de l'Agence France Presse (AFP) à Bogota.

Eduardo Mackenzie vit à Paris. Il est l'auteur de plusieurs livres: "Les FARC ou l'échec d'un communisme de combat" (décembre 2005, Publibook); "Guérilla en Colombie entre drogue et pouvoir totalitaire" (avril 2003, Milan Eds); "Les cartels criminels" (écrit avec Alain Delpirou, octobre 2000, Puf).

Par EDUARDO MACKENZIE
Journaliste

Le deuxième échec en cinq ans de l'État français, après l'envoi d'un avion médicalisé en Colombie pour secourir Ingrid Betancourt et d'autres kidnappés malades au pouvoir des Farc, semble n'avoir servi à rien. Il y a des échecs grâce auxquels on apprend, au moins, quelque chose. Dans ce cas, non. L'inanité des déclarations des responsables français après l'annonce du retour bredouille du Falcon 50, stationné inutilement à Bogota depuis le 3 avril, permet de penser que Paris n'a pas profité de l'occasion pour saisir l'essence du problème et accepter de réviser sa doctrine sur les Farc, si l'on veut aider à la libération des victimes de celles-ci.


La frivolité des formules choisies par le ministre Bernard Kouchner pour expliquer cet échec confirme que Paris, malgré le coup subi, assume ceci comme un match reporté et non pas comme une énième démonstration de la volonté des Farc d'exploiter à fond et à très long terme le calvaire d'Ingrid Betancourt. « Sans l'accord des Farc sur cette mission tellement précise, motivée par l'urgence de la situation humaine et médicale d'Ingrid Betancourt, nous n'avons, pour l'instant, aucune possibilité », a dit Kouchner. Pour l'instant? Faut-il comprendre alors que les Farc pourraient être sensibles sous peu à la « situation humaine » de leurs victimes et reculer devant les appels de la raison?

En évoquant une idée du président Nicolas Sarkozy, le ministre français a estimé que le « rejet » des Farc était « une faute politique grave en plus d'une tragédie humanitaire». Est-ce ainsi que le pouvoir français voit ce que font les Farc avec leurs kidnappés? Comme une « faute politique grave » ? Et non comme un acte de barbarie, insupportable pour la conscience universelle, comme un crime de lèse humanité[1], imprescriptible, qui mérite la plus grande sévérité de tout État de droit? Au fondateur de Médecins sans Frontières nous lui connaissions une plus grande capacité d'indignation. Celle-ci est-t-elle devenue une chose du passé ? Le froid syllogisme de Kouchner face à l'action monstrueuse[2] des Farc surprend beaucoup d'observateurs. Kouchner aurait-il été capable de dire, en 1975, que les massacres ordonnés par Pol Pot constituent juste «une faute politique grave» et une «tragédie humanitaire»?

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La France a envoyé son Falcon 50 à Bogota après que le président Sarkozy ait exigé du chef des Farc, Manuel Marulanda, pour la deuxième fois, la libération d'Ingrid Betancourt. Les Farc ont-elles promis de contacter les émissaires à Bogota pour y continuer l'opération ? On ne sait rien et les questions s'accumulent. Quel était l'objectif de la mission humanitaire ? Libérer Ingrid et les autres kidnappés malades ou leur donner simplement des soins médicaux et les abandonner de nouveau au pouvoir des ravisseurs ? Aucune explication sur ces points n'est sortie de la bouche d'un responsable français et pas même des éditorialistes parisiens, pourtant habitués à ergoter sur tout et n'importe quoi. Rien non plus sur les rumeurs inquiétantes (mais non confirmées) quand au délabrement de la santé d'Ingrid[3] qui ont précédé l'envoi précipité du Falcon 50.

Personne ne semble vouloir parler non plus des similitudes avec ce qui s'est passé le 9 juillet 2003, quand Dominique de Villepin, alors premier ministre, avait expédié à Manaus, Brésil, dans le secret le plus total, onze militaires et diplomates à bord d'un Hercules C-130, pour libérer l'ex candidate présidentielle colombienne[4]. À cette occasion, la technique de la rumeur sur le décès « imminent » de celle-ci avait été utilisée à fond par les Farc. Personne ne paraît savoir à présent que le résultat de ce fiasco a été la détérioration encore plus grave des relations entre Bogota et Paris.

A cette époque, les Farc avaient accusé le président Alvaro Uribe « d'avoir inventé » le bruit selon lequel les Farc voulaient libérer Ingrid Betancourt « avant qu'elle ne meure ». Paris et la famille Betancourt avaient avalé cette explication -que Bogota a rejetée sans grand succès- et la méfiance a augmenté entre les deux gouvernements[5]. Cette fois, en 2008, les Farc répètent la même prescription : la mission a échoué, dit la direction des Farc, parce que celle-ci « n'était pas le résultat d'une concertation mais de la mauvaise foi d'(Alvaro) Uribe par rapport à l'Elysée, et une vile moquerie quant aux espoirs des parents des prisonniers ».

Le signal est celui-là : Uribe doit être puni par Sarkozy et par les familles des otages, parce que les kidnappeurs, de bonnes âmes comme tout le monde le sait, ne sont pas ceux qui « se moquent » de leurs victimes mais le gouvernement colombien. Le criminel rejette son crime sur l'autre et croit ainsi se refaire une virginité. Jusqu'à quand Paris et les comités de soutien Ingrid Betancourt continueront-ils à donner l'impression qu'ils sont sensibles à cette imposture?

Consciente de l'échec de son entreprise, la guérilla colombienne veut, en réalité, que d'autres fassent le travail à sa place. Désorganisées par l'offensive de l'armée colombienne, les Farc veulent que la France fasse la guerre à la Colombie, en commençant par le sabotage diplomatique. Surtout, cette guerre doit être dirigée contre le président Uribe et sa politique de sécurité démocratique. Tel est le message de fond, entre les lignes, qui sort de la nouvelle direction fantasmatique des Farc.

Durant ces dernières années, l'organisation narco - terroriste n'a fait qu'exiger des autres de se charger de ses ennemis. Les Farc l'ont fait avec ce qui leur restait de sympathisants au sein de quelques syndicats américains, afin que ceux-ci persuadent les sénateurs démocrates de faire la guerre commerciale à la Colombie, parce qu'elles, les Farc, ne pouvaient pas aller très loin. Et elles ont réussi. La guerre de désinformation contre l'approbation du Traité de libre commerce (TLC) entre les Etats-Unis et la Colombie utilise la confédération syndicale AFL-CIO comme fer de lance et cela s'est terminé par l'engagement des deux candidats démocrates, Obama et Clinton. L'extrême gauche française cherche à faire en sorte que ses amis aux Etats-Unis rattachent la croisade contre le TLC aux revendications du comité de soutien Ingrid Betancourt.

Les Farc ont fait de même avec la famille Betancourt, en exigeant qu'elle proclame en Europe que le coupable de la situation d'Ingrid est Alvaro Uribe (au départ le coupable était l'ancien président Andres Pastrana). Cela dure depuis six ans et les résultats sont catastrophiques: Ingrid Betancourt continue d'être dans les mains des Farc et sa santé est chaque fois pire. Le fait d'avoir suivi cette ligne a-t-il procuré à Ingrid un peu de clémence de la part de ses bourreaux? Non, absolument pas. Jusqu'à quand, dans l'entourage d'Ingrid, acceptera-t-on cette stratégie qui ne fait que prolonger le sacrifice de l'ex-candidate et qui sert uniquement les ennemis de la démocratie?

Les Farc ont demandé la même chose au président Hugo Chávez. Il doit faire la guerre, une fois pour toutes, à la Colombie. Cet homme qui, depuis 1999, a d'excellentes relations avec elles et qui les aide autant qu'il le peut[6], a été sur le point de leur donner satisfaction quand il a ordonné, après le décès de Raúl Reyes, le 1er mars 2008, l'envoi de « dix bataillons » à la frontière avec la Colombie. Il a aussi menacé de faire usage de ses avions de combat achetés à Vladimir Poutine.

Les Farc ont également demandé à Rafael Correa, président de l'Équateur, de déclarer la guerre à la Colombie. Elles ont commencé par l'intoxiquer, il y a environ deux ans, avec le thème des fumigations en Colombie qui, disaient-elles, portaient préjudice à l'Équateur, et celui-ci, en gauchiste fanatisé par Chávez, les a cru et a proféré des menaces et toute sorte d'injures. Quand Raúl Reyes et une vingtaine de terroristes sont tombés sous les bombes dans un campement équatorien des Farc, elles ont incité de nouveau Correa à rompre les relations avec la Colombie et à envoyer ses soldats à la frontière. Mais ceux-ci, au lieu d'attaquer le pays voisin, n'ont fait que découvrir les laboratoires où les Farc fabriquent de la cocaïne. Ce qui a refroidi la pugnacité de quelques officiers qui n'avaient pas encore mesuré à quel point leur pays était utilisé par les Farc comme une plateforme pour le trafic de drogue. Aujourd'hui, le ministre équatorien de la Défense a été limogé par Correa et d'autres militaires de haut rang ont préféré renoncer à leurs postes[7]. Quant à la DEA, elle observe avec beaucoup plus d'attention les affaires de Quito.

Nicolas Sarkozy, qui a été accusé par le socialisme marxisant français d'être un horrible « atlantiste », laissera-t-il tomber les relations avec Bogota pour démontrer qu'il ne l'est pas? Le prochain voyage de Bernard Kouchner dans « la région » sera-t-il destiné à dresser d'autres gouvernements contre Bogota et à exiger qu'Uribe cède aux Farc? Ou pour suggérer de nouveaux « gestes » de bonne volonté?

En croyant qu'on pouvait amadouer les Farc avec des actes de générosité, le président Sarkozy a déjà été ébouillanté par elles. Quand il a demandé au président Uribe de sortir des prisons un groupe de guérilleros et, surtout, de relâcher Rodrigo Granda, le « chancelier » des Farc, capturé au Venezuela par des agents colombiens, avec l'aide de la police vénézuélienne, le mandataire français espérait une certaine réciprocité. Il n'a rien obtenu. Tout le contraire. En croyant dans le sérieux de l'initiative, Alvaro Uribe a laissé partir le dangereux individu, en juin 2007, avec l'espoir qu'il oeuvre en « messager de la paix ». Et Granda n'a fait que retourner au sein de l'organisation terroriste.

Aujourd'hui, Granda est l'un des pires ennemis des otages. Il y a quelques jours, il écrivait ce paragraphe terrible, qui constitue une véritable menace contre leur vie à tous : « Qu'ici personne ne fasse semblant d'être innocent parce que tous ceux qui sont captifs sont responsables de l'incitation à la guerre. Ingrid comme les autres, et rappelons qu'aucun d'entre eux n'est dans des conditions pires que celles de Simón Trinidad et Sonia »[8].

Le mieux que pourrait faire la diplomatie française serait d'être conséquent avec ce que Nicolas Sarkozy a demandé à la présidente d'Argentine, Cristina Kirchner, pendant le voyage de celle-ci à Paris: qu'elle l'aide à contenir Hugo Chávez « dont les réactions intempestives préoccupent l'Europe parce qu'elles mettent en péril la stabilité de la région », selon les révélations du journal La Nación, de Buenos Aires[9]. Être conséquent avec cette stratégie équivaut à écouter beaucoup plus Bogota et à approuver la stratégie d'Alvaro Uribe consistant à proposer aux Farc une zone de rencontre (et non la zone démilitarisée qu'elles exigent) pour y effectuer, en présence de délégués de la communauté internationale, ce que certains appellent l'échange humanitaire »[10].

Habitué à faire des harangues, des discours et des proclamations contre la Colombie presque tous les jours, le président Hugo Chávez est pour ainsi dire muet en ce moment. Son silence sur le sort des otages en Colombie et sur la mission humanitaire française attire l'attention. Pourquoi cette attitude?

Chávez a fait savoir qu'il ne veut pas s'entretenir au téléphone avec le nouveau chef des Farc pour ne pas lui faire courir de risques. Car cet appel pourrait être intercepté et faciliter une nouvelle attaque colombienne. Cette excuse, techniquement valable, ne résiste pas à l'analyse. S'il y a quelqu'un dans le monde qui peut sortir de sa captivité Ingrid Betancourt et d'autres otages, c'est bien Hugo Chávez. Et cela sans avoir besoin de faire des appels longue distance. Il peut sauver les victimes sans « consulter » les chefs des terroristes. Les Farc écoutent Hugo Chávez, accomplissent ce qu'il dit. Et pour cause: les Farc doivent beaucoup de choses au régime « bolivarien », sans lequel elles ne pourraient pas faire face à l'offensive de l'État colombien.

Entre les Farc et Hugo Chávez il y a une vieille amitié, confirmée il y a quelques jours quand Chávez a demandé publiquement que les gouvernements reconnaissent les Farc comme partie « belligérante » dans le soi-disant « conflit colombien ». Cette initiative a échoué: personne ne s'est risqué à le faire, même pas le président équatorien. Cet appel grotesque et les documents de Raúl Reyes découverts dans son ordinateur, sont de nouvelles preuves qui s'ajoutent à celles déjà existantes sur la complicité entre le dictateur vénézuélien et le mouvement terroriste le plus dangereux de l'hémisphère occidental.

Le silence de Chávez coïncide avec la consigne des Farc après la mort de Reyes de tourner le dos à tout le monde, d'interdire l'action de tout acteur international possible, comme l'Église catholique et les trois pays européens, la France, l'Espagne et la Suisse, susceptibles de faire avancer le dossier des otages. Toutefois, Hugo Chávez est en mesure d'exiger la libération immédiate de tous les kidnappés, comme il l'a déjà fait avec les six otages relâchés en mars dernier, car les Farc, arrimées au Venezuela, sont pratiquement l'otage de Chavez. Otage car sans l'approbation de l'homme fort vénézuélien, les Farc ne pourraient recevoir de Caracas même pas un cachet d'aspirine. Autrement dit, si Ingrid Betancourt, ou tout autre otage des Farc, meurt en captivité, la responsabilité du président Chávez, outre la culpabilité des Farc, sera engagée.

Il ne faut pas oublier ce que proposait Raúl Reyes dans ses derniers messages au Secrétariat des Farc: maintenir une relation « directe et permanente » avec le président Chávez à qui elles demanderont, ou ont déjà demandé, d'accepter « de recevoir les guérilleros et les kidnappés jusqu'à ce qu'on obtienne un accord définitif avec ce gouvernement ou avec celui qui lui succédera». Reyes avait ajouté que cette proposition serait officiellement formulée par les Farc « dans une rencontre personnelle » avec Chávez et que « malgré cette médiation elles ne vont pas renoncer à l'exigence de démilitariser Florida et Pradera dans le Valle del Cauca ».

Les Farc sont-t-elles en train d'accomplir la stratégie de Raúl Reyes? Les otages ont-ils été transférés au Venezuela?[11] Quant à la prochaine tournée du ministre français des Affaires étrangères en Amérique latine, elle pourrait être l'occasion d'éclaircir un certain nombre de choses. L'ignorance, le mystère, la désinformation qui règnent à l'heure actuelle jouent contre la vie des otages, maltraités et honteusement utilisés par le terrorisme comme levier contre la Colombie. La « gifle »[12] donnée à Paris par les Farc à l'occasion de l'affaire du Falcon 50 devrait susciter une réflexion approfondie au sein du gouvernement français au lieu de se laisser tenter par les jeux de la diplomatie parallèle et de s'accommoder des artifices fabriqués par ceux qui torturent Ingrid.



[1]  Le Conseil de Sécurité de l'ONU a approuvé le 1er octobre 2001 une résolution historique dans laquelle il oblige ses 189 pays membres à combattre le terrorisme, en gelant les moyens de financement et en lui refusant le soutien politique. Fin avril 2002, l'assemblée générale de l'ONU déclara qu'elle était disposée à considérer le kidnapping de personnes comme un crime contre l'humanité. Dans le statut de la Cour Pénale Internationale, approuvé en juillet 1998, la disparition forcée de personnes, ce qui inclut le kidnapping de personnes par un État ou par une organisation politique, constitue un crime contre l'humanité. Les lois françaises retiennent la notion de crime contre l'humanité dans le deuxième livre du nouveau code pénal français, en vigueur depuis mars 1994. L'avocat général, Pierre Truche, a écrit dans la revue Esprit (n. 181.1992), sur cette notion juridique : « Traitée sans humanité, comme dans tout crime, la victime se voit en plus contestée dans sa nature humaine et rejetée de la communauté des hommes. [...] Une seule disposition lui confère [au crime contre l'humanité] un régime [légal] particulier: il est imprescriptible, c'est-à-dire que ses auteurs peuvent être poursuivis jusqu'au dernier jour de leur vie. »

[2]  L'ancien otage Orlando Beltrán, ex représentant à la Chambre, relâché en mars 2008 par les Farc, assure que dans la jungle il y a des kidnappés  qui sont tombés  « dans la folie la plus totale » et qu'ils « ne coordonnent déjà absolument plus rien ». Car la situation des otages est très difficile et les malades ne reçoivent aucun traitement médical. Il a confirmé qu'Ingrid Betancourt est malade. Radio Caracol, Bogota, 6 avril 2008.

[3]  Le premier à parler de la grave détérioration de la santé d'Ingrid Betancourt a été Luis Eladio Pérez, ex-otage des Farc, libéré par celles-ci en mars 2008. Après avoir parlé à Bogota, Paris et Buenos Aires de l'état « grave » de santé d'Ingrid, Pérez a relativisé cette dégradation le 7 avril 2008, quand il a su que la mission humanitaire française avait échoué. Sans dire qu'il avait été à l'origine de l'alerte, Pérez a affirmé à l'agence Associated Press: « Je pense que la situation d'Ingrid Betancourt a été romancée. Tout cela ne correspond pas à la réalité ». Ces jours-là, le prêtre catholique Manuel Mancera assurait qu'un guérillero lui avait dit qu'Ingrid était « gravement malade » et que les Farc cherchaient « un médecin dans le secteur de Tomachipán (Guaviare) pour qu'il s'occupe d'elle». Ce bruit n'a été confirmé ni par la presse ni par les autorités colombiennes.

[4] Voir l'excellent ouvrage de Jacques Thomet intitulé "Ingrid Betancourt, Histoire de coeur ou raison d'État?", Editions Hugo et compagnie, Paris, 2006.

[5]  En février 2004, le gouvernement colombien a été sur le point de rappeler à Bogota son ambassadeur en France pour protester contre les insultes lancées contre le chef d'État colombien par Fabrice Delloye, ex mari d'Ingrid Betancourt et attaché commercial à ce moment-là à l'ambassade de France à Quito.

[6]  Les Farc ont envoyé cent mille dollars à Hugo Chávez quand celui-ci est sorti de prison, après le coup d'État manqué de 1992. Ensuite, lorsque Chávez a été élu président, les Farc ont renforcé les relations avec lui. Au point de signer, le 10 août 1999, un pacte avec le ministre vénézuélien de l'Intérieur, le capitaine Ramón Rodriguez Chacín. Ce pacte, révélé par le quotidien El Universal, de Caracas, prévoit la livraison aux Farc de pétrole et de médicaments spéciaux, ainsi que l'obtention de permis de séjour et d'asile politique à leurs combattants. Sans parler de facilités pour créer des entreprises dans les secteurs bancaire, agricole, logement et santé. Rodriguez Chacín a reconnu plus tard avoir signé ce pacte pour que les Farc « réduisent le nombre d'enlèvements dans la zone frontalière ».

[7]  La Vanguardia, Barcelone, 9 avril 2008.

[8]  El Tiempo, Bogota, 3 avril 2008. Granda exagère. Alias Simón Trinidad et alias Sonia sont emprisonnés dans des prisons des Etats-Unis. Ils ont été condamnés pour trafic de drogues et d'autres crimes. Ils sont en très bonne santé et ils bénéficient de toutes les garanties que la justice américaine accorde aux détenus et aux prisonniers.

[9]  La Nación, Buenos Aires, 8 avril 2008.

[10]  La zone de rencontre serait créée dans une région dépeuplée. Le gouvernement colombien estime qu'accepter la démilitarisation des communes de Pradera et de Florida équivaut à abandonner aux mains des Farc une population de 112.000 habitants. Aujourd'hui plus de 600 plaintes sont en cours auprès des tribunaux colombiens pour les crimes et les abus commis par les Farc pendant l'expérience des trois années de démilitarisation du Caguán (une zone de 42 000 km ²), entre 1999 et 2002, sous la présidence d'Andres Pastrana. « La Colombie est le seul pays où il paraît logique pour certains que pour négocier la situation de 50 kidnappés avec un groupe terroriste, on doive livrer comme otages les habitants des villages démilitarisés », a déclaré Luis Carlos Restrepo, commissaire de la paix. (Revue Cambio, Bogota, 3 avril 2008).

[11]  La journaliste María Angélica Correa a publié le 6 avril 2008, dans le quotidien Perfil, de Buenos Aires, une entrevue avec quatre déserteurs des Farc et de l'Eln. Ceux-ci ont confirmé l'existence de bases de ces organisations au Venezuela, avec l'aide de l'armée vénézuélienne. L'un d'eux a déclaré avoir entendu dire, en juin 2007, qu'Ingrid Betancourt avait séjourné dans une finca d'Elorza, dans l'état d'Apure.

[12]  L'expression est du Comité français de soutien à Ingrid Betancourt.


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