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Espagne - ETA : Zapatero officialise un dialogue incertain

Zapatero - ETA : dialogue "long, dur et difficile" - Composition LatinReporters.com
par Christian Galloy
Analyste politique
Directeur de LatinReporters.com


MADRID, jeudi 29 juin 2006 (LatinReporters.com) - "Le gouvernement va ouvrir un dialogue avec l'ETA" a annoncé jeudi à Madrid le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero. Critiqué par l'opposition conservatrice, le chef de l'exécutif officialise ainsi les contacts discrets déjà noués au nom de la paix par les socialistes avec les indépendantistes basques, en trêve "permanente" depuis le 24 mars.


Selon M. Zapatero, le dialogue respectera "le principe irrévocable de ne résoudre les questions politiques qu'avec les représentants légitimes de la volonté populaire". Donc, sous-entendu et théoriquement, seuls le sort des prisonniers (près de 700 "etarras" dans les geôles espagnoles et françaises) et les modalités d'un adieu aux armes seraient au menu des pourparlers avec l'ETA.

Et si, dans le cadre "d'un grand accord de coexistence politique", le gouvernement espagnol "respectera les décisions qu'adopteront librement les citoyens basques", ce sera, selon M. Zapatero, dans le respect aussi "des normes et procédures légales" et en particulier de la Constitution. L'euphorie manifestée aussitôt par des personnalités nationalistes et indépendantistes basques ne s'embarrasse pas de cette condition, ce qui laisse prévoir de prochaines et sérieuses difficultés.

En principe, le garde-fou constitutionnel s'opposerait aux deux revendications principales des séparatistes basques: le droit à l'autodétermination et la reconnaissance d'une "territorialité" unissant Pays basque espagnol, Navarre et Pays basque français. Ces deux revendications firent échouer les tentatives précédentes de négociation entre l'Espagne et l'ETA.

José Luis Rodriguez Zapatero a insisté sur sa volonté de maintenir la polémique "Loi des Partis". Elle permet de déclarer hors-la-loi les partis politiques qui ne condamnent pas expressément le terrorisme. Batasuna, vitrine politique de l'ETA, n'a ainsi plus d'existence légale depuis 2003.

"J'ai répété plus d'une fois que le processus [de paix] sera long, dur et difficile. Nous l'aborderons avec décision et prudence, unité et loyauté et en respectant toujours la mémoire des victimes" a précisé le chef du gouvernement.

S'exprimant sous la forme d'une "déclaration institutionnelle" lue aux journalistes dans un salon du Parlement, alors qu'on attendait plutôt sa comparution en séance plénière du Congrès des députés, M. Zapatero a sans doute voulu éviter, sous les projecteurs des médias, un feu nourri du Parti Populaire (PP, opposition conservatrice). Ce dernier redoute la vision fédéraliste de M. Zapatero, qui a pourtant laissé sur leur faim, du moins jusqu'à présent, les indépendantistes radicaux basques et catalans.

Réagissant à l'annonce de M. Zapatero, l'influente Association des victimes du terrorisme (240.000 manifestants le 10 juin à Madrid contre la négociation avec l'ETA) accuse le président du gouvernement de "légitimer les assassinats terroristes". Le mot "trahison" est prononcé.

Le président du PP, Mariano Rajoy, confirme, lui, son refus de cautionner un processus "illégal, immoral et inefficace" qui, croit-il, dérive vers une négociation politique avec les terroristes.

M. Rajoy en veut pour preuve la prochaine réunion, cautionnée par le chef du gouvernement, entre les socialistes basques et la direction de Batasuna. Une réunion nécessairement politique, puisque Batasuna, même hors-la-loi, revendique son statut de parti politique. Or, rappelle Mariano Rajoy, une sentence du Tribunal suprême a établi que Batasuna est une composante de l'ETA.

A ce propos, une première suspension judiciaire de Batasuna, prononcée en août 2002 par le juge Baltasar Garzon, célèbre persécuteur de l'ex-dictateur chilien Augusto Pinochet, se basait sur "la relation instrumentale, de subordination hiérarchique" de Batasuna à l'égard de l'ETA. Recensant alors 836 morts et 2.367 blessés lors de 3.391 attentats depuis 1968, le juge Garzon rendait Batasuna coresponsable des "crimes contre l'humanité" perpétrés par les commandos séparatistes basques.

Mariano Rajoy et son PP, qui représente quelque 40% des Espagnols, soupçonnent le gouvernement socialiste de M. Zapatero, malgré ses assurances quant au maintien de la "Loi des Partis", de préparer le retour en grâce de Batasuna. Et même si négocier avec cette formation serait en somme négocier avec l'ETA, M. Zapatero pourrait alors, prédit le PP, tenter de faire croire qu'il respecte sa promesse de "ne résoudre les questions politiques qu'avec les représentants légitimes de la volonté populaire".

Batasuna mettait au début de la semaine de l'huile sur le feu, affirmant que "l'ETA garantira" les décisions que prendront les Basques à propos de leur futur dans le processus favorisé par M. Zapatero. Batasuna ne bluffait sans doute pas, s'il est vrai qu'on ne peut trouver meilleur garant que soi-même...

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